« Hard skills », « soft skills »… Le jargon de l’entreprise aime catégoriser les compétences de candidats potentiels. Ces derniers temps, on parle de plus en plus de « mad skills », ces compétences hors norme qui peuvent faire se détacher une personne du lot. Et ceux-ci se trouvent souvent chez les personnes atypiques.

« Soft skills », « hard skills »… Les compétences variées des êtres humains

Les « mad skills » sont souvent mis en regard des « soft skills » et des « hard skills ». Ces deux termes sont devenus omniprésents dans le monde du travail, et reflètent la diversité des compétences des personnes, et les différentes manières de se former.

Les hard skills, ou compétences « dures », sont simplement les compétences techniques nécessaires pour occuper un emploi donné. Ce sont les caractéristiques que l’on retrouve communément sur les CV : maîtrise d’un langage informatique, outils de gestions de projet, logiciels spécialisés et autres compétences très ciblées.

Viennent ensuite les « soft skills ». Il s’agit des compétences non techniques, qui sont cependant nécessaires pour travailler de manière efficace en équipe ou occuper des postes à responsabilité. Parmi les soft skills, on trouve toutes les compétences de communication, la capacité à s’adapter à son environnement de travail, ou encore les aptitudes à gérer une équipe de manière efficace. Souvent, on parle aussi de « savoir être » en français.

Parfois critiquées, souvent utilisées, ces catégorisations ont un avantage : montrer que l’éventail des compétences humaines ne se résume pas à la maîtrise de Microsoft Excel, mais que l’intelligence émotionnelle et la capacité d’adaptation sont aussi clef.

Que sont alors les « mad skills » ?

On entend donc de plus en plus parler des mad skills, en complément des hard/soft skills. De quoi s’agit-il alors ? Les mad skills, ce sont les compétences que l’on a développées en dehors de la norme ou dans sa vie personnelle. C’est-à-dire des talents cachés, des capacités qui ne sont pas courantes dans notre métier, ou des compétences que l’on trouve rarement. Le point commun de ces mad skills ? Ils sont peu conventionnels, ou bien ils ont été développés dans des parcours inhabituels… Et c’est justement ce qui fait leur force.

Ces aptitudes rares s’expriment dans des domaines très variés, elles peuvent avoir été développées dans des champs d’application qui sont entièrement étrangers au monde du travail. Elles se retrouvent souvent sur la partie « expériences » ou « loisirs » d’un curriculum vitae !

Un voyage autour du monde, un engagement dans une association, une passion pour un jeu, pour un domaine des sciences ou de l’art qui n’est pas courant… Les mad skills permettent de transposer des intérêts que l’on a eus en compétences recherchées par des recruteurs potentiels.

Exemples de mad skills

  • La participation à des associations de loisir montre un goût pour le travail d’équipe et l’organisation
  • Les collections d’objets ou les intérêts spécifiques inhabituels montrent des compétences pour la catégorisation et une certaine rigueur dans l’organisation
  • Les sports extrêmes comme l’escalade ou le ski hors-pistes se transforment en capacité à gérer la pression et le risque
  • L’investissement personnel devient un moyen de comprendre les marchés financiers et l’économie
  • La pratique d’un instrument montre une capacité à apprendre « sur le tas » et en autonomie
  • La rénovation de sa maison montre une appétence pour les travaux manuels, et une capacité à mener à bien un projet
  • Un grand nombre d’abonnés sur les réseaux sociaux montre des capacités à présenter des informations de manière attirante et à animer une communauté
  • Les voyages se transforment en capacité d’adaptation et d’improvisation, et souvent en compétences pour des langues étrangères

Le point commun de ces mad skills, c’est souvent la passion ! Si l’on consacre du temps, de l’énergie et de l’argent à des projets personnels, on montre sa motivation et son envie d’avancer. Ce qui est un trait particulièrement recherché par les recruteurs.

Profils atypiques et compétences atypiques

Vous vous en doutez, si l’on est soi-même atypique dans ses fonctionnements et ses hobbies, on aura eu tendance à développer des compétences hors norme. C’est quelque chose que le monde du travail prend de plus en plus en compte : les profils inhabituels, voire neuroatypiques, ont des compétences clefs, qu’il est possible de mettre en avant.

La capacité de certains autistes à traiter une grande quantité de données avec précision peut ainsi être recherchée. Tout comme la passion des personnes présentant un TDAH, qui savent souvent s’adapter à des situations nouvelles. Et les personnes HPI, avec leur vision globale d’une situation, peuvent présenter des capacités d’organisation très bénéfiques pour une entreprise.

Les recherches récentes tendent par ailleurs à confirmer que les profils « atypiques » n’existent pas par hasard. À mesure que l’on comprend l’évolution, on apprend que les neuroatypies ne sont que des variations naturelles des capacités humaines, qui ont donné à l’Humanité sa diversité. Sans cette diversité, l’être humain n’aurait pas pu évoluer autant.

Pour en apprendre plus sur le sujet : Dyslexie : il pourrait s’agir d’un avantage évolutif, selon la science

Miser sur ses compétences « folles »

Comment alors miser sur ses « mad skills » ? La bonne nouvelle, c’est que le monde du travail, aussi rigide soit-il, commence à prendre en compte les profils plus atypiques. Lorsqu’on élabore un CV ou une lettre de motivation, il peut donc être judicieux de mettre en avant ses expériences « hors-cadres ».

Posez-vous les questions suivantes : mes hobbies, mes intérêts, même minimes m’ont-ils permis de développer des compétences ? Mon intérêt pour ces domaines montre-t-il des capacités ou des qualités ?

Il peut être difficile de cibler ses compétences : il peut donc être judicieux de demander à des proches quelles compétences ou qualités leur semblent saillantes dans notre profil. Et de reformuler ensuite leurs réponses pour les adapter au secteur du travail !

Les personnes neuroatypiques souffrent aussi souvent d’une estime de soi peu élevée, ce qui peut compliquer leur relation au processus de recrutement. Pour beaucoup d’entre elles, se mettre en avant ou « vendre » ses compétences est leur version personnelle de l’enfer. Il peut donc être adapté de faire un bilan de compétences, ou de travailler avec un thérapeute afin de se sentir mieux dans ses caractéristiques particulières et pleinement conscient de ses qualités.

Pour les recruteurs, un enjeu pour diversifier son équipe

L’autre bonne nouvelle, c’est que certains sites et services spécialisés se consacrent spécifiquement à trouver ces profils « atypiques » aux compétences parfois recherchées. On peut par exemple citer Autypik, une plateforme de recrutement créée par et pour les personnes autistes et neuroatypiques. L'entreprise Specialisterne a également un positionnement similaire.

Au-delà de ces entreprises spécialisés, on voit aussi de plus en plus de sites d’emploi « classiques » se consacrer au recrutement de profils atypiques. Les recruteurs sont invités à repérer les personnes qui ne rentrent pas dans les cases de l’employé habituel, mais dont les compétences sont de vrais atouts.

Il peut donc être avantageux de revoir son CV en intégrant ses expériences personnelles « hors cadres ». De la même manière qu’on peut faire une « validation des acquis par l’expérience » (VAE), on peut montrer aux recruteurs qu’on dispose d’une réelle expérience sur des sujets précis.

Conclusion : « mad skills » et atypies de fonctionnement

Cela ne veut bien sûr pas dire que le monde du travail est un secteur aisé d’accès pour les personnes neuroatypiques, qui ont souvent du mal à trouver et maintenir des emplois. Mais cela montre que les choses évoluent, et que les enjeux de diversité sociale passeront aussi par ce type de profils.

Si c’est votre cas, il peut être judicieux de faire un vrai bilan de vos compétences, et des secteurs de loisirs auxquels vous avez consacré du temps. Ce travail peut mener à des emplois, mais aussi à de réelles réorientations, afin de travailler dans des secteurs pour lesquels vous êtes passionnés.

Publié par Cam

Journaliste HPI/TSA à la recherche du mot juste et d'un monde plus ouvert à la différence. Créatrice du podcast Bande d'Autistes !
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2 commentaires sur « Mad skills » : des compétences hors norme pour des parcours professionnels hors cases ?