Avez-vous remarqué que vous attirez toujours le même type de personne ? Que vos amis se mettent souvent en couple avec des profils particuliers ? Ce n’est pas un hasard. En psychologie, la théorie de l’attachement montre que nous avons tendance à reproduire le style d’attachement que l’on a reçu pendant son enfance. On explore ce que sont les styles d’attachement, et la manière de les prendre en compte pour ses relations amoureuses.

Styles d'attachement

Les styles d’attachement forment nos relations futures

Les styles d’attachement correspondent à tout un pan de la psychologie, qui s’intéresse à la relation entre nos figures d’attachement (souvent nos parents) et les adultes que nous devenons. Pendant notre enfance, nous nous attachons en effet généralement à au moins une personne qui prend soin de nous de manière continue et cohérente : ce sont les figures qu’on appelle les « caregivers » en anglais, et il s’agit généralement de notre père et/ou de notre mère. Ces « donneurs de soin » sont les personnes qui s’occupent de nos besoins physiques et émotionnels, ou que nous identifions comme prenant soin de nous, au cours de l’enfance. Ce sont eux qui nous rassurent et nous permettent en théorie d’être sécurisés.

Si, dans la petite enfance, nous avons ressenti des insécurités émotionnelles, ou si nous n’avons pas eu de figure de « caregiver » viable et présente, on peut développer des styles d’attachement (appelés « schèmes ») variés. Ces styles d’attachement ne concernent pas uniquement l’enfant que nous étions : ils ont des conséquences sur la manière dont on s’attachera, en particulier dans les relations amoureuses, pendant toute notre vie.

On note ainsi que les personnes ayant eu des styles d’attachement plutôt sécurisants auront moins tendance à enchaîner les relations courtes ou les aventures sexuelles que ceux qui ont connu des insécurités dans le rapport avec leur « caregiver ». Les styles d’attachement peuvent également avoir un impact sur l’âge auquel on a notre premier rapport sexuel, nos pratiques, ainsi que la longueur de nos relations. Les explorer peut donc nous donner des clefs non négligeables pour comprendre comment nous fonctionnons dans nos relations amoureuses ou sexuelles.

Quels sont les différents types d’attachement dans l’enfance ?

Quels sont alors les différents styles d’attachement ? Les travaux de la psychologue Mary Ainsworth ont entre autres permis de révéler quatre styles d’attachement principaux, ou schèmes :

Le type sécure

Le style sécure est le schème d’attachement qui se base sur un donneur de soin, typiquement un parent, qui répond aux besoins de l’enfant de manière appropriée. Il s’assurera d’une présence rapide en cas de problème et aura une cohérence dans la manière dont il s’occupe de l’enfant. Ce dernier se sentira donc sécurisé dans son attachement à son caregiver.

En retour, l’enfant peut utiliser le donneur de soin comme une « base de sécurité ». C’est-à-dire qu’il s’appuie sur ce dernier pour se stabiliser et explorer le monde qui l’entoure. Cette base solide lui permet de faire ses propres découvertes, en retournant à la sécurité quand il en a besoin.

Le type évitant

Dans ce type d’attachement, le donneur de soin répond peu, voire pas du tout, à l’inconfort ou à la détresse de l’enfant. Il n’encouragera pas l’enfant à pleurer et l’incitera à monter de l’indépendance très tôt.

En retour, l’enfant a tendance à traiter les étrangers de la même manière que le donneur de soin. Il ne montrera pas de signe de détresse, ou des signes discrets. Il n’aura pas non plus tendance à maintenir le contact physique.

Le type ambivalent/résistant

Dans ce type d’attachement, le donneur de soin va montrer des comportements incohérents, c’est-à-dire qu’ils ne seront pas toujours les mêmes. Il répondra parfois aux besoins de l’enfant de manière appropriée, et les négligera parfois.

L’enfant ne pourra donc pas créer de « base de sécurité » avec son donneur de soin. Il pourra rechercher une proximité avec lui, dans la crainte d’une séparation éventuelle. Il cherchera le contact, mais ne sera pas forcément apaisé quand il le trouve.

Le type désorganisé

Dans ce type d’attachement, le donneur de soin se mettra en retrait par rapport à l’enfant et ne le sécurisera pas. Il pourra être intrusif, figé, transmettre de la négativité ou encore confondre les rôles parent/enfant. De la maltraitance pourra également survenir.

En retour, l’enfant aura des réflexes acquis (se figer, faire des mouvements), et n’aura pas réussi à développer de stratégie d’attachement qui soit cohérente. Ses comportements pourront apparaître comme étranges.

Qu’est-ce que cela veut dire pour les relations à l’âge adulte ?

Les psychologues notent que les styles d’attachement « insécures » ne sont pas nécessairement des fatalités pour nos relations amoureuses adultes, mais elles peuvent parfois constituer un frein, d’autant plus si ce type de rapports avec les parents se poursuit à mesure que l’enfant grandit.

Les adultes « sécures » sont sans surprise à l’aise dans leurs attachements et dans les liens qu’ils créent autour d’eux. Ils arrivent à être intimes avec leurs partenaires tout en se laissant de l’indépendance. Ce n’est cependant pas toujours le cas des adultes « insécures » :

Les adultes ayant eu des parents « ambivalents »

Les adultes « anxieux-soucieux », c’est-à-dire qui ont connu un style d’attachement ambivalent, auront tendance à chercher à tout prix de l’intimité. Ils pourront être plus dépendants émotionnellement : leur bien-être et leur estime d’eux reposeront à l’excès sur les relations qu’ils développent. 

En amour, ces profils auront besoin de l’approbation constante de leur partenaire, et auront besoin d’être rassurés sur leur attractivité et l’amour qu’on leur porte. Ils exprimeront leurs sentiments de manière nette, et pourront parfois être impulsifs dans leurs paroles et leurs actions.

Les adultes ayant eu des parents « évitants »

Ces adultes ont souvent besoin d’indépendance, et peuvent parfois éviter de s’attacher. En amour, cela fait des conjoint.es qui n’arrivent pas à s’engager ou qui ont du mal à exprimer leurs sentiments. 

Ce sont des profils qui pourront considérer qu’ils n’ont besoin de personne, qu’ils sont « auto-suffisants » émotionnellement. Ils se coupent d’un éventuel rejet en ne s’attachant pas, et peuvent se montrer critiques avec leurs partenaires amoureux. Ces derniers peuvent également leur reprocher de ne pas prendre soin d’eux.

Les adultes ayant eu des parents « désorganisés »

Ces profils peuvent se sentir hésitants en ce qui concerne les relations amoureuses. Ils ont d’un côté une grande soif d’intimité, mais ils se sentent mal à l’aise lorsqu’on leur témoigne de la proximité émotionnelle. Il en ressort une méfiance qui s’exprime parfois à l’égard de leurs partenaires.

Ces adultes peuvent aussi avoir des problèmes d’estime de soi, ne se sentant pas assez bien pour leurs partenaires, ou pas assez bien pour développer des relations amoureuses. Il en résulte que malgré leur grand désir d’intimité, ils ont tendance à être fuyants, de crainte d’être blessés.

Des tendances qui jouent sur notre équilibre amoureux

Nos relations amoureuses sont donc partiellement dictées par les « schèmes » que nous avons connus dans notre enfance… Et cela crée parfois des déséquilibres. Si une personne est en recherche de soutien et doit être rassurée régulièrement sur les sentiments de son partenaire, et que celui-ci est plutôt dans l’évitement, cela peut créer des environnements explosifs.

Une personne qui est plutôt sur un schéma hésitant pourra aussi se demander pourquoi elle fait échouer ses relations par manque d’implication émotionnelle, alors même qu’elle désire au fond une grande intimité. Nous allons souvent chercher des modèles connus dans l’enfance, on « rejoue » donc parfois des parties des relations que l’on avait avec ceux qui prenaient soin de nous.

Comment alors aller au-delà de ces types d’attachement ? Tout d’abord en les identifiant. Il peut être particulièrement utile de mettre des mots sur son type d’attachement, et ainsi comprendre pourquoi on est attiré par le même type de personne, qui fait résonner le même type de douleur en nous.

L’identification de son style d’attachement permet aussi souvent de débuter un travail thérapeutique sur notre relation à nos parents ou aux autres figures d’attachement. Si notre couple bat de l’aide, cela peut également être un moyen d’identifier les écarts entre la manière dont nous exprimons notre attachement et celle de notre conjoint.e. Il s’agit donc d’une piste non négligeable pour apaiser certaines relations.

Conclusion

La manière dont nos parents ou nos proches ont pris soin de nous dans notre enfance a un rôle clef à jouer sur l’adulte qu’on devient… Et donc sur la manière dont on s’attache. Il est maintenant couramment admis que cela a un impact très marqué sur nos relations amoureuses, et que cela peut nous causer des difficultés.

Identifier et prendre en compte ses « schèmes » d’attachement peut donc nous permettre de mieux comprendre la manière dont nous créons de l’intimité (ou la manière dont nous l’évitons…). L’on peut ainsi réaliser pourquoi on est attiré par des personnes similaires, ou qui réveillent en nous des schémas similaires. Cela peut donc être une bonne première étape pour mieux vivre sa vie amoureuse.

Publié par Cam

Journaliste HPI/TSA à la recherche du mot juste et d'un monde plus ouvert à la différence. Créatrice du podcast Bande d'Autistes !
Vous devez être membre pour voir les réponses et commenter ce sujet de discussion
Inscription gratuite

5 commentaires sur Amour : quel est votre style d’attachement ?