La sensibilité, c’est pour les femmes !

Il y a autant d’hommes hautement sensibles que de femmes, nous confirme Saverio Tomasella. En matière de sensibilité élevée, la parité est ainsi pleinement assurée.

De même qu’on attribue davantage le rose aux femmes, le bleu aux hommes, on décrète souvent que la sensibilité est une caractéristique féminine. Mais la sensibilité n’est une exclusivité des femmes que dans ces croyances qui prennent leurs racines dans notre culture. 

Ainsi, l’homme hautement sensible se confronte à une société dont la culture et les normes altèrent l’image qu’il peut se faire de sa masculinité. Laquelle devrait être dépourvue de sensibilité.

En ce sens, l’un des plus grands défis de l’homme hautement sensible commence par renouer avec sa sensibilité. Se la réapproprier à sa juste valeur, en révéler les forces et la reconnaître comme une caractéristique parmi d’autres de ses qualités d’homme.

Une confrontation à l’idéal masculin, ou ledit “mâle alpha”

L’idéal masculin nous renvoie l’image d’un homme à la sobriété absurde (pour ne pas dire insensible), excessivement téméraire, impeccablement athlétique, conflictuel, compétitif, spontané, directif… C’est le fameux mâle alpha, celui qu’on voit de partout dans les films (à l’exemple Takeshi Kovacs, protagoniste de la série Altered Carbon, ou encore Jon Snow dans Game of Throne). 

Ainsi, nous grandissons en intégrant inconsciemment qu’il ne faut pas révéler (et encore moins développer) notre sensibilité. Car elle va à l’encontre même de cet idéal pour lequel elle incarne une faiblesse. En conséquence, un homme très sensible peut craindre d’être jugé pour sa sensibilité élevée et la dissimuler autant que possible (en se la jouant dur à cuire, impassible etc.). 

Le plus problématique repose probablement dans le fait de refouler sa sensibilité en essayant de se faire passer pour ce fameux mâle alpha. Ce déni de soi engendre mal être, détérioration de l’estime de soi et un défaut cruel d’authenticité qui peut être déconcertant pour autrui. De plus, s’efforcer de se la jouer "dur à cuire" et pour ainsi dire, ne pas se montrer sous son vrai visage, engendrera des rencontres qui ne nous correspondent pas. 

Parfois, en tant qu’homme, on peut se remettre en question quant à son potentiel à séduire une femme compte tenu de sa sensibilité élevée. Et à être accepté par les autres, de manière générale. D’autant plus qu’on prend pour acquis que les femmes ne sont séduites que par ce genre d’homme, et que seul cet idéal masculin a un pouvoir de séduction. La considération de notre société à l’égard de la sensibilité représente un frein : il faut s’en affranchir. 

Nous sommes des hommes atypiques. Soyons fiers de l’être et affirmons nous dans notre singularité.

Une répercussion de l’industrialisation

L’industrialisation a dramatiquement refroidi la sensibilité de l’humanité et contribué à construire cet idéal masculin. L’homme est devenu une machine ou un leader, en opposition à une époque où il était davantage porté vers l’art, la nature et la poésie (notamment au cours de la Renaissance).  

Autrement dit, notre société nous offre de moins en moins de développer notre sensibilité. C’est entre autres, je pense, l’une des raisons pour laquelle beaucoup d’hommes n’en prennent conscience que tardivement et se sentent en marge de la société durant une grande partie de leur vie.

Renouer avec sa sensibilité, c’est aussi réapprendre à l’alimenter, à en prendre soin et à la vivre. Par exemple, ça peut être s’offrir des moments de quiétude et d’émerveillements dans la nature, s’abandonner à l’art et la poésie sous toutes ses formes, solliciter son imagination et sa créativité... se prendre en main pour vivre heureux en tant qu’homme hautement sensible.

De l’avantage d’être un homme hautement sensible

Bien sûr, il n’est pas toujours évident de vivre hautement sensible dans le monde d’aujourd’hui, et la sensibilité élevée présente également ses inconvénients. Peut-être que tu as peur du conflit, que tu n’aimes pas la compétition, que tu fatigues vite ou que tu as besoin de temps pour réfléchir… mais tu es assurément doté par ailleurs de beaucoup d’atouts qui échappent à l’idéal masculin. Et des qualités qui te sont propres - indépendamment de ta sensibilité élevée - de par ta personnalité.

Saverio Tomasella souligne que notre sensibilité élevée fait souvent de nous, entre autres, des personnes plutôt méticuleuses, perfectionnistes, avec un grand sens de l’observation, très réceptives à la communication non verbale, qui se posent beaucoup de questions. Une grande empathie, notamment, peut véritablement servir dans nos relations humaines. Elaine Aron insiste également sur le fait que « cette sensibilité accrue au monde subtil fait de nous des êtres très intuitifs ». Ce sont quelques caractéristiques en vrac, mais il va sans dire qu’une bonne connaissance de soi et de sa sensibilité élevée est essentielle pour déceler ses atouts.

Être un homme très sensible, confiant, épanoui et charismatique 

Je crois qu'il est fondamental de renouer avec sa sensibilité et de l’assumer pleinement comme une part de sa personnalité d’homme. 

Car oui, l’homme aussi est sensible, parfois même doté d’une sensibilité plus élevée que d’ordinaire (hautement sensible), et c’est tant mieux. Oui, on peut être un homme sensible et cette sensibilité n’est pas moins un atout que ceux attribués à l’idéal masculin. Oui, les femmes s’intéressent également aux hommes sensibles et non, toutes les femmes ne courent pas après ce fameux mâle alpha. Ces croyances nuisent d’entrée de jeu au rapport homme-femme. Quant au rapport entre deux hommes, je trouve que cela crée une logique de compétition qui peut encourager à des comportements toxiques.

Voici selon moi des axes de travail et d’éventuels outils :

Rester soi-même : plus on est authentique et sincère envers soi-même, plus nos rencontres s’avèrent pertinentes et fructueuses. Le travail sur soi produit indéniablement des effets positifs sur nos relations avec le monde extérieur.

Identifier ses croyances limitantes et s’en défaire : un exercice simple consiste à les lister et à opposer chacune d’entre elles à un contre-argument.

Développer son estime de soi : c'est-à-dire sa confiance en soi, son amour propre et sa vision de soi. En ce sens, je conseille de lire “L’estime de soi” de Christophe André et François Lelord, au moins pour identifier d’éventuels mécanismes qui seraient régis par un manque d’estime de soi.

S’investir dans la connaissance de soi : afin de ne pas laisser les autres ou la société décréter qui on est (à tort et à travers), et notamment améliorer sa vision de soi en cernant mieux ses qualités et ses défauts. Le test des 16 personnalités par le MBTI peut-être un bon outil pour commencer. Je suggère également le livre d’Elaine N.Aron “Hypersensibles, Mieux se comprendre pour s’accepter”.

Oser parler ouvertement de sa sensibilité : à commencer auprès de ses proches, ou du moins à l’égard de personnes en qui on a entièrement confiance. Avec une bonne estime de soi, ça deviendra de plus en plus facile et c’est un cercle vertueux : plus on ose en parler, plus on est confiant et moins on a peur de la mettre en avant, et ainsi de suite.

S’affirmer comme une personne atypique : faire de sa singularité une priorité. S’interdire de se conformer à la “norme”, ne plus avoir peur de dire ce que l’on pense vraiment, assumer de penser différemment et ne pas se soucier excessivement de froisser de par sa différence, que ce soit dans sa manière d’être, d’agir ou de penser. Autorisons-nous à être différent, sensible et profondément humain !

Publié par Nicolas

Aventurier en perpétuelle quête de soi, je suis passionné par la connaissance de soi et des autres. Aussi j’aime partager les enseignements tirés de mes aventures, et plus généralement comment j'apprends à vivre ma vie en tant que personne hautement sensible, et ce que je comprends de la sensibilité élevée.
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28 commentaires sur L'homme hypersensible VS l'homme idéal