« Faut-il vraiment draguer pour être en couple ? Je n’aime pas du tout draguer, même si j’en ai parfois envie. Je ne suis jamais à l’aise quand il est question de flirter pour établir le contact. Je veux dire, ce n’est pas naturel chez moi… »

Séduire et draguer un·e inconnu·e quand on est hautement sensible, n’apparaît pas toujours évident, voire pas naturel du tout tel qu’en témoigne cet hypersensible (témoignage issu d’un groupe facebook).

« Il faut de l’humour pour le/la faire rire », « La confiance en soi c’est sexy, aie l’air d’être sûr de toi », « Il faut pratiquer le jeu du chat et de la souris », « Drague dans la rue c’est ce qui fonctionne le mieux »… quand il est question de drague et de séduction, on ressasse toujours et inlassablement les mêmes conseils.

Toutes ces approches n’ont jamais résonné en moi. Et je sais aujourd’hui que ça ne me correspond pas, parce que je pense que ce ne sont pas des démarches adaptées à une personne hautement sensible (et notamment introverti·e). Néanmoins ce n’est pas la drague et la séduction en tant que telles que je remets en question, mais bel et bien l’approche que l’on met en avant dans notre société. Certains commentaires sous cet article témoigneront qu’il est davantage question de se la réapproprier, et que l’on peut bien évidemment se retrouver dans la drague.

Dans cet article, je partage ma compréhension de tout ce qui est susceptible de nous freiner dans la drague et la séduction. Notamment les appréhensions et croyances limitantes à l’égard de nos propres capacités.

1 – Drague, séduction et hypersensibilité, pourquoi ça matche pas (toujours) ?

La drague telle qu’on en parle, généralement, est à mon sens relativement superficielle. Or, être hautement sensible, c’est être incapable de rester superficiel. C’est aller en profondeur dans les choses, dans les personnes, dans les émotions. C’est pourquoi je doute qu’une personne hautement sensible puisse s’y retrouver dans ces tutos youtube du genre : « Pratiquer à merveille le fuis moi je te suis » ou « Comment faire regretter à ton ex de t’avoir quitté pour la faire revenir »…

La grande majorité des conseils et techniques qui vont dans ce sens visent à créer l’intérêt, là où je pense qu’une personne très sensible a besoin d’un intérêt qui coule de source. Un lien naturellement réciproque. 

Dans une démarche de séduction intéressée, en opposition à une séduction naturelle, on va intentionnellement tout faire pour développer l’intérêt de l’autre à notre égard, quand bien même il apparaît clairement inexistant. De quoi s’épuiser et se perdre soi-même, non ? Et c’est là tout le problème selon moi. Notre société dénature la séduction pour en faire quelque chose d’intentionnel.

Pour ainsi dire, la séduction intéressée repose essentiellement sur des formes de manipulations : créer du regret pour que son ex revienne vers soi, vendre une vie de rêve pour donner envie, se la jouer distant et mystérieux pour titiller la curiosité, faire semblant de ne pas être intéressé·e pour susciter le désir, faire croire que l’on est dragué·e par d’autres, être dans la stratégie pour le/la conquérir…

Je suis convaincu qu’une personne hautement sensible a fondamentalement besoin de nouer des liens profonds, bienveillants et authentiques, avec une connexion forte et qui soient durables dans le temps. La pression sociale peut nous persuader qu’il faut draguer ou séduire de manière intéressée pour plaire, et avoir une vie de couple, mais je suis certain que ce ne sont que des croyances. Cette approche ne convient qu’à certaines personnalités. Comme le dirait Julien Prest, si seule cette approche fonctionnait, il n’y aurait qu’un style de couple.

Je crois qu’il est plus convenable pour une personne très sensible de privilégier une approche authentique : ne pas jouer un rôle, rester soi même, être sincère et honnête… et intuitive : aborder une personne qui nous inspire confiance, pour laquelle on a un bon pressentiment. L’intuition nous mène naturellement vers les bonnes personnes, celles avec qui l’intérêt est plus susceptible d’être partagé. Dans quel cas on gagne en charisme et séduit malgré nous.

La séduction ou la drague en soi ne sont donc pas un problème et on peut être hautement sensible et aimer draguer/séduire. La question est plutôt de se la réapproprier.

2 – Une confrontation de notre sensibilité élevée à un idéal...

L’idéal masculin et féminin est extrêmement sexualisé, et je pense que cela porte véritablement préjudice aux personnes hautement sensibles (et pas que).

La personnalité et sa singularité, l’intérêt des conversations partagées, l’alchimie, la vibration de l’âme… sont autant de critères qui tendent à prendre de l’importance pour une personne très sensible. Bien sûr, on peut-être hautement sensible et évidemment attiré·e par le physique / intéressé·e par le sexe, je ne dis pas le contraire.

Mais je pense que cette fixette sur le physique génère de nombreux complexes et par conséquent des blessures de l’amour propre (je ne suis pas beau, pas désirable…). De plus, cela incite au jugement et une personne très sensible qui se sent jugée tend naturellement à prendre la poudre d’escampette.

Aussi, pour les hommes très sensibles, l’idéal masculin va à l’encontre même de notre sensibilité élevée. Car si la sensibilité est relativement bien acceptée venant d’une femme, elle est plus difficilement assumée par les hommes pour qui elle est interprétée comme une faiblesse (en France, du moins). Le risque, selon que l’éducation familiale accueille ou non cette sensibilité, est de vouloir se la jouer dur à cuir et en un sens, de ne pas être soi-même.

En effet, on a depuis gamin cette image d’un idéal qui nous renvoie que pour séduire une femme on doit être un homme quasi insensible, invulnérable, séducteur, athlétique… Et parallèlement, on se fait une image de la femme qui n’est attirée que par cet idéal masculin.

Assumer sa sensibilité, être authentique et s’affirmer dans sa singularité est probablement plus porteur que de dissimuler ses émotions.

3 – … et à une culture de la personnalité (extravertie)

La culture de la personnalité (extravertie) telle qu’en parle Susan Cain valorise amplement l’extraversion en dépit de l’introversion – or 70% des hypersensibles seraient introverti·e·s.

Ainsi, cette culture de la personnalité glorifie les personnes très expansives, très (trop) affirmées et combatives. On dit souvent qu’il ne faut pas se laisser “marcher dessus” – et il y a du vrai, bien entendu. Mais je veux dire par là qu’on est dans un état d’esprit très concurrentiel et compétitif. Les autres sont des rivaux. Et cet état d’esprit est assurément anxiogène pour une personne très sensible, qui tend à rechercher des relations harmonieuses, dans un rapport solidaire et altruiste.

Par ailleurs, s’affirmer est très souvent difficile quand on est hautement sensible, parce qu’il y a une réticence au conflit. Du fait notamment qu’on est très soucieux de ne pas percuter les autres. Typiquement, les INFJ sont dotés d’une sensibilité qui les force à faire tout ce qu’ils peuvent pour fuir des attaques en apparence personnelles.

Au-delà de l’affirmation de soi, il y a cette confrontation de notre nature introvertie à l’éloge de l’extraverti·e, qui exige que l’on soit très téméraires, que l’on ait beaucoup de relations sociales… Puis alors l’idée qu’il faudrait nécessairement draguer en boîte de nuit, vraie fausse bonne idée, non ?

Aussi, un·e hypersensible introverti·e sera plus sélectif qu’un·e extraverti·e. Pour celles et ceux d’entre-vous qui sont d’une nature extraverti·e, tout ce que je dis ici est à nuancer.

Soyons fidèles à notre nature, affirmons-nous tel que nous sommes et privilégions des environnements où l’on se sent bien.

4 – Des complexes vis-à-vis de son physique

J’ai lu beaucoup de commentaires de personnes hautement sensibles qui se dénigrent physiquement. Du fait qu’on s’intéresse à notre monde intérieur, à notre vie et notre richesse intérieure, parfois plus qu’à notre beauté extérieure, le physique peut être sujet à des complexes. Accepter son corps peut s’avérer être un défi insurmontable. 

C’est d’autant plus vrai qu’on perçoit souvent cette affaire de séduction exclusivement comme une affaire de physique, avec l’enjeu de plaire physiquement, de jouer sur nos atouts physiques. Là aussi, notre société met beaucoup l’accent sur cet aspect, avec un idéal impeccablement musclé pour l’homme, taillé sur mesure pour la femme en écho à ce que je disais plus haut. Quoiqu’on ne puisse pas exclure l’importance ou le rôle du physique, je pense qu’il faut prendre confiance en sa personne et au charme qu’il peut en découler.

« Plaire n’est pas qu’une affaire de physique, mais également et surtout d’attitude. ». J’ai beaucoup souffert de complexes par le passé. Et par conséquent du rejet de mon propre corps.  Je connais les difficultés que l’on peut traverser à ce sujet. On le dit souvent, mais pratiquer du sport est aussi très bénéfique pour le rapport à son corps – et pas seulement ! La pratique de la musculation m’a aidé à me sentir bien dans ma peau, mais aussi à gagner confiance en moi. 

5 – Peur du jugement, de ne pas être pris au sérieux ou d’être incompris.

Beaucoup de personnes très sensibles et introverti·e·s se rejoignent dans le sentiment d’être à la marge de notre monde. Être hautement sensible dans le monde d’aujourd’hui, c’est souvent se sentir comme un extraterrestre. C’est pourquoi arrivé au plan amoureux, on peut avoir peur d’exprimer ses sentiments et d’assumer sa singularité.

C’est probablement d’autant plus vrai pour un homme hypersensible qui aura des appréhensions quant à la façon dont sa sensibilité sera perçue.

Pendant longtemps, j’ai été inconsciemment freiné par cette peur de perdre toute crédibilité. Je redoutais de paraître trop sentimental ou émotionnel. Autrement dit, que mes sentiments ou mes émotions soient interprétés comme une faiblesse, ou un défaut de masculinité.

On peut aussi avoir cette croyance limitante qu’il n‘existe personne pour nous. Qu’on est trop différent pour être aimé comme on est. Ce ne sont bien entendu que des croyances. D’après deux études menées en 2018, la sensibilité élevée concernerait 31% de la population mondiale. On est donc loin d’être seul dans cette “différence”.

6 – Anxiété sociale, peur d’aborder un·e inconnu·e

La surstimulation à laquelle on est exposé en tant que personne hautement sensible peut engendrer de l’anxiété sociale. Autrement dit, un manque d’aisance en société. Tout dépend de l’éducation des parents, mais si comme moi ton éducation n’a pas été favorable à l’autonomie et la débrouillardise, alors tu peux aussi te sentir en insécurité dans un contexte social.

Pour les plus introverti·e·s d’entre nous, il est potentiellement d’autant plus difficile d’aborder un·e inconnu·e puisque nous préférons généralement côtoyer des personnes que nous connaissons bien. Sans parler du fait que l’on est pas habitué à rencontrer beaucoup de monde étant donné qu’on en a pas besoin.

Aussi, il est important d’avoir une bonne connaissance de sa sensibilité élevée – et de son introversion – afin de faire des rencontres dans un contexte qui nous met en confiance. De préférence, dans un tête à tête et dans un endroit tranquille. Les sites de rencontres sont à double tranchant, mais peuvent présenter quelques avantages : on a tout le temps que l’on souhaite pour cerner un peu mieux la personne qui nous intéresse, convenir d’une entrevue dans un lieu qu’on aime, communiquer par écrit dans un premier temps… 

7 – Des blessures du passé

J’ai lu tant de commentaires d’hypersensibles qui se disaient blessés et qui jugeaient leur avenir par quelques expériences passées. À savoir que les personnes hautement sensibles seraient tout particulièrement affectées par leurs expériences passées. Aussi je crois qu’il est important d’en avoir pleinement conscience pour ne pas donner les pleins pouvoirs à ses affects négatifs.

Toutes nos expériences, quelles qu’elles soient, ont un enseignement à nous apporter.

Ne tombons pas dans le piège de juger les hommes ou les femmes par de mauvaises expériences, ni même de se juger soi-même, notamment sur ses capacités.

Car autant dire que cela en revient à s’amputer d’un bras ou d’une jambe. C’est un véritable handicap dans la séduction : on perd en crédibilité et en charisme, et nos jugements provoquent la fuite des personnes qui nous plaisent.

Publié par Nicolas

Aventurier en perpétuelle quête de soi, je suis passionné par la connaissance de soi et des autres. Aussi j’aime partager les enseignements tirés de mes aventures, et plus généralement comment j'apprends à vivre ma vie en tant que personne hautement sensible, et ce que je comprends de la sensibilité élevée.
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56 commentaires sur Séduction, drague et hypersensibilité : pourquoi ça matche pas ?