Depuis sa sortie, la série Love on the Spectrum a marqué le paysage audiovisuel en mettant en lumière les expériences amoureuses de personnes autistes. Initialement lancée en Australie en 2019 avant d’être adaptée aux États-Unis, cette série documentaire suit des adultes sur le spectre de l’autisme alors qu’ils naviguent dans le monde des rencontres. Avec un ton bienveillant et une approche sincère, elle a su toucher un large public et obtenir des critiques élogieuses.
L’une des forces majeures de Love on the Spectrum est de déconstruire les idées reçues sur l’autisme et les relations amoureuses. Trop souvent, les personnes autistes sont perçues comme désintéressées par l’amour ou les interactions sociales. En donnant la parole à des participants authentiques, l’émission montre que l’envie d’aimer et d’être aimé est universelle, indépendamment du fonctionnement neurologique de chacun.
La série adopte un ton chaleureux et respectueux, évitant les clichés sensationnalistes qui caractérisent souvent la téléréalité. Les témoignages des participants sont touchants et sincères, et la série prend le temps d’explorer leurs émotions, leurs attentes et leurs défis sans jugement. Cette approche a largement contribué à son succès, attirant aussi bien des spectateurs neurotypiques curieux d’en apprendre davantage sur l’autisme que des personnes autistes qui se reconnaissent dans les parcours présentés.
Plusieurs critiques ont insisté sur la chaleur et la sincérité du programme : pour Mashable, Love on the Spectrum « brosse des portraits touchants de connexions humaines, à la fois émouvants et d’une satisfaction totale ». Le site Decider recommande également la série, la qualifiant d’ovni rafraîchissant parmi les émissions de rencontres, qui « n’est semblable à aucune autre téléréalité de dating sur Netflix – et ce, dans le bon sens du terme ». Enfin, certains ont noté son utilité sociale : Ready Steady Cut estime qu’« une téléréalité qui aide à dissiper une partie du stigmate autour de l’autisme est particulièrement la bienvenue ». En somme, la presse généraliste a applaudi les points forts de la série : son ton bienveillant, son humour jamais moqueur, et sa capacité à mettre en lumière la vie affective de personnes autistes avec authenticité et respect.
Du côté du public, Love on the Spectrum a été très bien accueilli, en Australie comme à l’international. La version australienne a connu un effet de bouche-à-oreille positif dès sa diffusion sur Netflix, et la version américaine a confirmé cet engouement en obtenant d’excellentes notes de la part des spectateurs et critiques (8,2/10 sur IMDb et 100% d’avis favorables sur Rotten Tomatoes). La série a même été récompensée dans l’industrie télévisuelle : l’édition américaine a remporté plusieurs Emmy Awards en 2022, dont celui de la meilleure émission de téléréalité non scénarisée – un signal fort de reconnaissance pour une émission mettant en avant des personnes autistes. Sur les réseaux sociaux et les forums, de nombreux téléspectateurs ont exprimé leur attachement aux participants de l’émission, appréciant leur authenticité, leur candeur et leur courage.
Enfin, l’émission a rendu ses protagonistes populaires et a suscité une empathie du public à leur égard, ce qui contribue à normaliser la présence de personnes autistes dans l’espace médiatique et social.
Malgré ses qualités, la série a aussi reçu des critiques, notamment de la part de commentateurs autistes. Certains regrettent une mise en scène qui accentue la candeur des participants, avec des choix de réalisation qui peuvent sembler condescendants : une musique trop « mignonne », des plans appuyés sur leurs expressions ou tenues excentriques, et une forte présence des parents dans les témoignages. Ce parti pris narratif peut donner l’impression que les adultes autistes sont perçus avant tout comme des êtres vulnérables, plutôt que comme des individus capables d’autonomie.
L’émission met en scène des sessions de coaching amoureux où des spécialistes donnent des conseils aux participants. Certains critiques estiment que les conseils prodigués aux participants autistes reposent souvent sur des normes neurotypiques discutables. Dans la version australienne, la coach en relations (Jodi Rodgers) apprend aux candidats à « tirer la chaise de leur rencard, soutenir le contact visuel, et ne pas trop parler de leurs sujets fétiches ». Ces conseils bien intentionnés ont été critiqués comme superficiels et peu adaptés à des rendez-vous entre personnes toutes deux autistes. Le résultat, selon Luterman, est que l’émission « regorge de mauvais conseils » et propose une aide « en décalage » avec la réalité des besoins émotionnels des participants. De fait, plusieurs commentateurs autistes estiment que les moments les plus réussis du programme sont ceux où les partenaires acceptent mutuellement leurs particularités autistiques, plutôt que lorsqu’ils tentent de se conformer à un modèle standard de rendez-vous.
Un autre point soulevé concerne la diversité des profils représentés. Enfin, la question de la diversité de la représentation a été soulevée à la fois par la presse et le public. La série australienne, notamment dans ses premières saisons, a été critiquée pour le profil relativement homogène de son casting – « la quasi-totalité de la distribution est blanche » note Luterman, ce qui ne remet pas en cause l’authenticité des protagonistes mais occulte la diversité ethnique au sein de la communauté autiste. De plus, malgré la présence d’une participante bisexuelle dans la série originale (Chloé, qui sort avec des hommes et des femmes, sans que cela ne suscite de commentaire particulier dans l’émission), l’absence de représentations LGBTQ+ plus larges a été pointée du doigt. Un critique note qu’il est « étrange de ne pas voir plus de couples LGBTQ dans la série », sachant que les personnes autistes sont proportionnellement plus nombreuses à se reconnaître queer que la moyenne.
Quelles que soient ses limites, Love on the Spectrum reste une avancée majeure en matière de représentation médiatique de l’autisme. En mettant en avant des personnes autistes avec leurs émotions, leurs aspirations et leurs parcours amoureux, l’émission contribue à briser les stéréotypes et à montrer une réalité souvent invisibilisée.
La série a aidé de nombreux spectateurs à mieux comprendre l’autisme et à développer une approche plus inclusive des différences neurologiques. Elle a permis de sensibiliser à l’importance d’un accompagnement bienveillant et d’une acceptation des particularités de chacun dans les relations amoureuses.
Face au succès de la série, d’autres initiatives pourraient voir le jour pour élargir la représentation de la diversité autistique à l’écran. Des productions plus variées et plus inclusives, avec des perspectives directement portées par des créateurs autistes, pourraient prolonger cet élan en offrant une vision plus nuancée et complète de la réalité des personnes sur le spectre.
Love on the Spectrum est une série qui, malgré certaines maladresses, a le mérite de mettre en lumière des expériences amoureuses rarement explorées à l’écran. Son approche bienveillante et son impact positif sur la perception de l’autisme en font une production précieuse, même si elle pourrait encore évoluer pour être plus fidèle à la diversité des expériences autistiques. À travers ses moments de sincérité et d’émotion, elle rappelle que l’amour est une quête universelle, où chacun mérite d’être vu et compris pour ce qu’il est.
0 commentaires sur Love on the Spectrum : quand Netflix explore les rencontres amoureuses des personnes autistes