La réalisation de sa propre neuroatypie est souvent une étape d’ampleur dans la vie des personnes concernées. Savoir que l’on a un haut potentiel intellectuel (HPI) nous permet bien souvent de mieux prendre en compte nos besoins et d’améliorer notre estime de soi. Certains ont tout naturellement envie de partager cette bonne nouvelle avec le monde entier, d’autres font preuve de plus de pudeur. Comment décider ? Voici quelques pistes de réflexion.

Une neuroatypie « flatteuse » mais qui attire les clichés

C’est une évidence pour ceux qui sont concernés par une neuroatypie, quelle qu’elle soit : les fonctionnements neurologiques différents sont encore mal perçus – et mal considérés – par le grand public.

Le haut potentiel intellectuel, qu’on appelle parfois encore douance, est ainsi souvent considéré comme une atypie « flatteuse ». Après tout, qui ne souhaiterait pas qu’on lui confirme qu’il est intelligent ? Mais la perception du grand public s’arrête souvent à cela.

On considère encore souvent les « surdoués » comme doués en tout : ils excelleraient quel que soit le domaine, sortes de petits génies capables de résoudre n’importe quel problème de manière fluide. Dans les faits, on sait bien que cela n’est pas vrai, et que le décalage social engendré par le HPI est parfois lourd à porter.

Le poids du mot « surdoué » est également présent. Bien que les personnes concernées se détournent de plus en plus de ce mot, au profit d’autres comme « zèbre », il est encore utilisé par le grand public. C’est donc un facteur de plus qui montre que le domaine attire les clichés. Faut-il alors faire sa part de travail d’éducation et révéler son HPI ? Où vivre tranquillement sous les radars en prenant en compte ses besoins de manière privée ?

Faut-il révéler qu’on est concerné par un haut potentiel intellectuel (HPI) ?

Il n’y a bien sûr pas de réponse définitive à cette question. Tout au plus pourra-t-on donner quelques pistes de réflexion, cette décision étant personnelle.

Révéler son HPI, c’est éduquer les masses ?

Si l’on est entouré de personnes qui ont connaissance du HPI, on a tendance à moins se poser la question de révéler ou non ses particularités. Mais lorsque notre entourage ne connaît pas vraiment le sujet, révéler son HPI est une autre paire de manches.

La discussion sur le sujet se transforme en effet souvent en un mini cours sur la neuroatypie et une déconstruction de quelques clichés. C’est en soi positif, mais ce n’est pas nécessairement une tâche dont on a envie de s’acquitter. On comprendra donc que certaines personnes choisissent de ne pas le dire pour ne pas avoir à s’expliquer et défendre leur identité.

Révéler son HPI pour mieux prendre en compte ses besoins

Une des raisons principales qui poussent les personnes à révéler leur neuroatypie est bien sûr une meilleure prise en compte de leurs besoins. Lorsqu’on sait qu’on fonctionne différemment, on peut mieux gérer son hypersensibilité, son besoin de nourriture intellectuelle ou son besoin de solitude…

Ou tout du moins mieux faire valoir ses limites. Il n’y a en effet aucune garantie que notre entourage comprenne nos besoins, mais cela nous permet d’avoir une ligne nette sur laquelle on pourra se baser.

Cela permet aussi d’être plus bienveillant avec soi-même. Être neuroatypique, c’est souvent une culpabilisation excessive, apprise depuis l’enfance. Pourquoi est-ce que je n’arrive pas à faire comme les autres ? Pourquoi est-ce que je prends tout à cœur ? Qu’est-ce qui cloche chez moi ? Autant de questionnements qui peuvent être apaisés lorsqu’on affiche son identité au grand jour.

Révéler pour tous les autres qui ne le savent pas encore ?

Révéler son HPI peut aussi être, en soi, un moyen d’aider ceux qui ne savent pas encore qu’ils pourraient être neuroatypiques. La neuroatypie concerne souvent plus d’un membre d’une famille, et nos proches sont souvent des gens qui nous ressemblent dans leurs fonctionnements.

Pour certains, révéler son haut potentiel intellectuel peut donc être un moyen d’en parler à des proches ou moins proches, afin de leur suggérer que passer le test pourrait être une bonne idée pour eux.

Révéler son HPI : ce qui peut freiner

On l’a vu, on peut hésiter à révéler son HPI par non-envie de devoir s’expliquer et justifier de ses fonctionnements. Mais d’autres raisons peuvent aussi nous freiner. Certains hésitent, car ils craignent que se dire HPI – ou surdoué – ne soit une mise en avant. Plutôt que de faire preuve de ce qu’ils considèrent comme de la vantardise, ils préfèrent alors se taire sur le sujet. Certaines personnes craignent également que cela ne les éloigne de leurs proches.

Pour d’autres, les barrières mentales peuvent être difficiles à dépasser. Lorsqu’on s’est cru toute sa vie sous-doué, ou en tout cas peu intelligent, il peut être compliqué de réaliser que c’est plutôt l’inverse, même avec un diagnostic à l’appui. Révéler son HPI peut donc parfois s’accompagner d’un travail d’acceptation de soi – et de ses forces.

Enfin, on peut évoquer une très naturelle pudeur. De la même manière qu’on ne révélera pas forcément nos troubles personnels comme notre anxiété ou nos phobies, certains choisissent de ne pas révéler le fonctionnement intime de leurs neurones.

Conclusion : dire ou ne pas dire qu’on est HPI ?

On voit donc bien qu’on ne peut pas trancher, le choix de révéler ou non son HPI étant uniquement du ressort de la personne concernée. Si l’on hésite par crainte de manquer de légitimité, on peut cependant essayer de creuser les raisons qui nous font nous sentir comme un imposteur.

On en profite également pour rappeler que comme toutes les questions d’identité, on ne doit pas révéler les atypies d’une personne pour elle. C’est à elle d’en parler, si et quand elle en ressent le besoin.

Dans tous les cas, prendre le temps de réfléchir n’est jamais une mauvaise idée. On gardera aussi en tête que malgré les pressions extérieures, on est toujours libre de révéler uniquement ce que l’on souhaite sur soi, et que nous sommes maîtres de nos identités.

Publié par Cam

Journaliste HPI/TSA à la recherche du mot juste et d'un monde plus ouvert à la différence. Créatrice du podcast Bande d'Autistes !
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17 commentaires sur Faut-il dire que l'on est HPI ?