Dans notre monde hyperconnecté, rencontrer de nouvelles personnes est plus simple qu’avant. Pour le meilleur, et parfois pour le pire ? Si vous êtes lassés de vos applis de rencontre, si vous n’en pouvez plus d’enchaîner les dates, ou si vous avez juré qu’on ne vous reprendrait plus à faire des rencontres, vous souffrez peut-être de « dating fatigue » ! De quoi s’agit-il et comment s’en protéger ?
Nous sommes rentrés dans une ère qui promeut le « dating », un terme qui remplace désormais souvent le mot « rencontres ». Derrière cet anglicisme se cache cette nouvelle tendance à être très connecté sur les sites de rencontre, à enchaîner les discussions ou les rendez-vous. L’avènement des réseaux et de sites variés a en effet facilité la mise en relation avec des inconnus… Tout du moins en apparence comme on va le voir.
Cette « surconsommation » de profils et de personnes peut en effet conduire à une certaine lassitude, voire à des conséquences réelles sur notre bien-être. Ces dernières années, le terme « dating fatigue » a ainsi émergé pour qualifier les difficultés nouvelles créées par les applis de rencontre. L’auteure Judith Duportail, qui a publié un livre sur le sujet, définissait ce concept dans un entretien auprès de 20 Minutes :
« La dating fatigue, c’est une nouvelle version de la mélancolie amoureuse. Une émotion qui oscille entre lassitude et espoir, avec une pointe d’aigreur. Cet espoir que l’on continue à ressentir, on a envie de le protéger, parce qu’il est porteur d’heureux possibles. »
La dating fatigue, c’est donc un peu une danse. L’on est tiraillé d’un côté par une fatigue d’enchaîner les rencontres, ou d’avoir des espoirs déçus. C’est ce qui peut nous pousser à dire qu’on ne reviendra jamais sur les applis de rencontre, qu’on restera célibataire toute notre vie, ou qu’on arrêtera de s’intéresser aux hommes/aux femmes. Avec de l’autre côté, cette envie persistante de trouver la bonne personne, et de croire, encore, à une belle rencontre.
Il faut savoir que les êtres humains sont particulièrement sociaux, mais que cela peut avoir un coût – et pas que pour les personnes neuroatypiques ! Rencontrer une nouvelle personne, s’adapter à des codes, maintenir des discussions… Tout cela prend une certaine énergie, qui est démultipliée lorsqu’il y a des enjeux amoureux derrière.
Cela n’est bien sûr pas propre à notre époque : enchaîner les rendez-vous et les rencontres peut être fatigant, avec ou sans application. Mais l’on note que l’avènement des applications de dating a accéléré la tendance. Il y a onze ans, l’application Tinder était lancée, et elle représentait à l’époque une petite révolution. C’était en effet la première fois qu’une appli de rencontre assumait ce côté « catalogue », au point de créer la méthode des « swipe ». Les profils de personne étaient désormais présentés comme des produits, avec souvent une seule photo, et un choix qui est fait en quelques secondes.
Cela a commencé à rapprocher les applications de rencontre « classiques » de réseaux sociaux, dans le sens où elles encouragent les personnes à rester le plus longtemps possible sur le site grâce à des mécanismes addictifs, mais nous y reviendrons.
Pour nos cerveaux d’humains, ce déluge de personnes et de conversations potentielles est donc très fatigant. Se projeter sur une personne, puis une autre, même si cela ne dure que le temps d’une brève conversation, ou d’un verre dans un bar, cela a un coût psychologique. Selon Helen Fisher, une anthropologue conseillant notamment le site Match.com, la « dating fatigue » est donc bien réelle. Elle le confirmait auprès du New York Times l’année dernière :
« Les personnes sont juste fatiguées. Elles se sentent submergées par tout ce processus de dating. »
Et les conséquences ont commencé à être mesurées. Une étude de Singles Dating, basée sur 500 personnes, indiquait que près de 80 % d’entre elles avaient fait l’expérience de fatigue ou de burnout quand il s’agit d’applications de rencontre. En 2023, un autre sondage de Healthy Framework, basé sur 1 000 personnes, arrivait à un ratio similaire : 79 % des personnes interrogées rapportaient la même fatigue… Et une sur trois avait dû trouver des professionnels ou thérapeutes pour les aider à répondre aux problématiques liées aux applications de rencontre. Autre statistique préoccupante : 42 % des personnes interrogées ont confirmé avoir eu recours aux drogues ou à de l’alcool pour faire face au stress lié aux applications de rencontre.
Si le processus de dating et les applis de rencontre classiques vous semblent parfois néfastes, ce n’est donc pas pour rien ! Mais comment expliquer que ces sites et applications puissent nous faire du mal, alors que c’est le but inverse qui est affiché ?
Selon la docteure Fisher, il y a un réel processus de « binge » dans le dating tel qu’il est pratiqué de nos jours. De la même manière qu’une personne peut enchaîner les carrés de chocolat ou les épisodes de séries, les utilisateurs de sites de rencontre peuvent swiper et matcher de manière compulsive… Ce qui produit un sentiment de satisfaction intense, mais très bref.
Cela repose sur des mécanismes qu’on a déjà évoqués, liés à la récompense immédiate, et à l’addictivité des réseaux modernes. Il est ainsi possible d’être « addict » aux sites de rencontre… Surtout que ceux-ci sont justement créés pour conserver les utilisateurs le plus longtemps possible sur les sites. Tinder a ainsi tout fait pour que « swiper » soit satisfaisant : c’est donc l’expérience utilisateur qui est mise en avant, et pas nécessairement le fait de rencontrer la bonne personne.
Autre élément à prendre en compte : les personnes neuroatypiques sont particulièrement vulnérables à l’addiction, et connaissent souvent une hypersensibilité liée au rejet. Cela crée donc une combinaison explosive qui peut les conduire à développer une addiction aux applis de rencontre… Ou tout du moins à connaître la dating fatigue.
D’autant plus que le monde du dating est, en soi, parfois difficile à aborder pour les personnes neuroatypiques. On l’a vu dans notre article consacré au sujet, le peu de maîtrise des codes sociaux, ou l’incapacité à maintenir des conversations par exemple peuvent toutes deux jouer un rôle. La culture actuelle des rencontres, très centrée sur l’image et moins sur les discussions de fond, peut aussi en dégoûter plus d’un. Les sites de rencontre peuvent donc paradoxalement maintenir des personnes neuroatypiques dans des sentiments de solitude.
Comment alors faire face à la dating fatigue, et se protéger ? Tout d’abord en se rappelant que faire des rencontres amoureuses n’est pas une obligation, et qu’être célibataire n’est pas particulièrement une tare, malgré ce que la société peut en dire. Si visiter des applis de rencontre cause plus d’inconfort que de satisfaction, il peut donc être judicieux de faire une pause… Et d’y revenir quand on se sent plus solide.
La clé pour « dater » de manière sereine (ou aussi sereine que possible), c’est de ne pas y voir un enjeu de vie ou de mort. Si l’on ne fait pas reposer notre bonheur sur notre capacité à trouver ou non un ou une partenaire, l’on vit mieux les rejets éventuels. Mais cela reste bien sûr plus facile à dire qu’à faire.
Si l’on est en difficulté, il peut donc être judicieux d’aller voir les mécanismes psychologiques sur lesquels tout cela repose. Selon Lia Love, une psychothérapeute qui a été interrogée par le site de rencontre Bumble, les rejets que l’on subit dans le monde du dating appuient en effet sur des parties de nous qui peuvent être très fragiles :
« Il faut prêter attention aux vérités, et pas à nos jugements de la vérité. Des pensées comme “je serais toujours seul.e”, ou “je galérerai toujours dans la vie” sont ancrées dans notre passé, dans nos vieilles blessures et insécurités, plus que dans la réalité présente. »
Il s’agit donc de se poser les bonnes questions. Pourquoi est-il si important pour moi de faire des rencontres ? Qu’est-ce que je cherche à combler ? Pourquoi est-ce que je ne parviens pas à être satisfait.e quand je ne suis pas en couple ?
Le fait est que faire des rencontres, c’est se mettre en danger, ou tout du moins sortir de sa zone de confort émotionnelle. L’on peut avoir tout le soutien psychologique dont on a besoin, si l’on rencontre quelqu’un et que cette personne nous dit qu’elle n’est pas intéressée, cela fait mal. Cet état de fait est inextricable des sites de rencontre, il est donc important d’avoir une certaine stabilité émotionnelle pour les fréquenter sans trop malmener notre estime de soi.
On conseillera aussi de passer par des sites qui ne sont pas construits autour de mécanismes néfastes. Atypikoo a été créé avec l’idée que tous les profils étaient accessibles, et qu’il n’y a pas de mécanismes de « swap » ou de matchs. Cela permet donc d’éviter des mécanismes d’addiction, et de faire des rencontres plus réelles que sur les autres sites.
Pour mieux se rencontrer, il faut prendre le temps et ne pas être dans une « surconsommation » de profils. Bien que la culture actuelle du dating s’appuie sur une vision relativement consommatrice des rencontres, on n’est pas obligés de jouer le jeu. Si notre rapport aux applis de rencontre nous épuise, et si nous n’y trouvons pas de satisfaction, il peut donc être judicieux de faire une pause.
Par ailleurs, on conseillera de se tourner vers des sites qui permettent des discussions de fond, avec des profils complets, afin de retrouver le lien avec de « vraies » personnes. L’approche « slow dating » de Atypikoo permet ainsi de trouver des sorties organisées en groupe, et de partager ses expériences sur des forums de discussion, ce qui permet ainsi de créer des connexions plus réelles.
7 commentaires sur « Dating fatigue » : pourquoi les sites de rencontre m’épuisent ?