Saviez-vous qu'environ 15 à 20 % de la population mondiale serait neuroatypique, souvent sans en avoir conscience ? Invisibles aux yeux de la société, ces individus développent des stratégies d’adaptation qui leur permettent de masquer leurs différences, mais à quel prix ? Le manque de reconnaissance de leur singularité les empêche souvent de s’épanouir pleinement, tant sur le plan personnel que professionnel. Pourtant, il suffirait de peu pour que nos environnements sociaux et professionnels deviennent plus accueillants. Cet article explore les clés pour valoriser la diversité cognitive et contribuer à la création d’un monde où chacun peut trouver sa place.

Quelles sont les neuroatypies ?

Les adultes neuro-atypiques regroupent une grande variété de profils, chacune ayant ses propres spécificités. Contrairement aux enfants, chez qui les signes de neuroatypie peuvent être plus visibles, les adultes neurodivergents développent souvent des stratégies de compensation et d'adaptation, masquant ainsi leur neuroatypicité. Comprendre cette diversité est essentiel pour favoriser leur inclusion dans la vie quotidienne et professionnelle.

Autisme (TSA)

L'autisme se manifeste par des difficultés dans les interactions sociales, une hypersensibilité sensorielle et des routines strictes. Chez les adultes, ces caractéristiques peuvent devenir plus complexes, notamment en raison de l'absence d’un diagnostic précoce. Selon l'étude de Davies et al. (2023), de nombreux adultes autistes rencontrent des difficultés importantes lors des processus de recrutement. Pourtant, leur concentration exceptionnelle sur des sujets spécifiques et leurs compétences analytiques en font des atouts précieux dans divers secteurs, à condition que leur environnement soit adapté à leur mode de fonctionnement unique.

TDA/H

Les adultes TDA/H vivent avec un fonctionnement cérébral qui impacte leur capacité à gérer les tâches quotidiennes et à organiser leur temps. Contrairement à l'image stéréotypée de l'enfant hyperactif, le TDAH chez l’adulte peut se traduire par une agitation mentale, des difficultés de concentration et une procrastination fréquente. Cependant, comme l’explique Weinbaum et al. (2023), les adultes neurodivergents avec un TDAH peuvent exceller dans des environnements nécessitant de la réactivité et de la créativité. Leur manière de penser, souvent en dehors des cadres traditionnels, est un atout dans des domaines qui nécessitent de l'innovation.

Dyslexie et autres Troubles "Dys"

Les troubles dys, comme la dyslexie ou la dyspraxie, ne disparaissent pas à l'âge adulte. Ces neuro-atypies affectent toujours des compétences telles que la lecture, l'écriture ou la coordination, mais cela ne signifie pas que les personnes concernées sont moins compétentes. En effet, de nombreux adultes dyslexiques apportent une vision unique, notamment dans les métiers visuels comme le design ou l'architecture. Comme l'a démontré Morris et al. (2015), les neurodivergents dans le secteur de l'ingénierie logicielle développent des stratégies uniques pour surmonter ces handicaps, souvent avec des approches créatives qui enrichissent le processus d'innovation dans leur domaine.

Le diagnostic des neuro-atypiques

Obtenir un diagnostic à l'âge adulte est souvent un processus laborieux et éprouvant. De nombreux adultes neuro-atypiques ne savent pas qu'ils sont neurodivergents pendant des années. Cette errance diagnostique est exacerbée par une méconnaissance des signes et symptômes des neuroatypies chez les adultes. Cameron (2023) décrit cette errance comme un parcours semé d’embûches, où les personnes passent à côté d’un diagnostic en raison de la variabilité des symptômes ou des mécanismes de camouflage développés.

Difficultés à obtenir un diagnostic

Les adultes neuro-atypiques, en particulier les femmes et les minorités, sont souvent sous-diagnostiqués. Les stéréotypes et le manque de formation des professionnels de santé contribuent à cette situation. Par ailleurs, les symptômes de neurodivergence chez les adultes peuvent être subtils ou masqués par des comorbidités comme l'anxiété ou la dépression, rendant le diagnostic neuroatypique plus difficile.

Une étude récente a suggéré que jusqu'à 80% des femmes autistes ne sont pas diagnostiquées avant l'âge de 18 ans, ce qui montre un taux élevé de retard de diagnostic chez les femmes par rapport aux hommes (McCrossin, 2023).

Face à cette errance diagnostique, des outils accessibles ont vu le jour pour faciliter une première évaluation. Par exemple, des tests d'auto-évaluation en ligne comme le test neuroatypique d'Atypikoo permettent aux individus de mieux identifier une potentielle neuroatypie. Bien que cela ne remplace pas un diagnostic formel par un professionnel, ce test constitue une première étape précieuse pour ceux qui soupçonnent être neuroatypiques. En obtenant une évaluation préliminaire, les individus peuvent ensuite consulter des spécialistes pour confirmer ou approfondir cette évaluation. Ce type de solution aide à combler le fossé entre la prise de conscience de sa propre neurodivergence et l'accès à un diagnostic professionnel plus formel, tout en réduisant l'errance diagnostique.

Sensibiliser à la neurodiversité

Les adultes neuro atypiques rencontrent fréquemment des difficultés dans leurs relations sociales, car leur manière d’interagir peut différer des normes établies. Cela peut entraîner des malentendus ou des situations de stress. Une personne neuroatypique, par exemple, peut avoir du mal à lire des signaux sociaux non verbaux, comme les expressions faciales ou le ton de la voix, ce qui complique ses interactions au quotidien. Cependant, en sensibilisant le public à la neurodiversité, il est possible de créer un environnement plus accueillant pour les personnes neuro-atypiques.

Un autre défi majeur pour les adultes neuro-atypiques est la gestion des stimuli sensoriels. Beaucoup d'entre eux sont hypersensibles à leur environnement, qu’il s’agisse de bruits, de lumières ou de mouvements. Des environnements surchargés peuvent provoquer de l’anxiété, voire des crises de surcharge sensorielle. Pour améliorer la qualité de vie des personnes neuro atypiques, des aménagements comme des espaces de travail plus calmes ou la possibilité de télétravailler peuvent être mis en place. L'étude de Weinbaum et al. (2023) suggèrent que de tels aménagements sont bénéfiques tant pour les employés que pour les entreprises.

Un haut potentiel d’innovation

Les adultes neurodivergents sont souvent des précurseurs de l’innovation, grâce à leur manière singulière de percevoir le monde et de résoudre les problèmes. Leur fonctionnement atypique leur permet de sortir des schémas de pensée traditionnels, ce qui est un atout précieux dans de nombreux secteurs.

Richard Branson, fondateur de Virgin Group, est un exemple emblématique de réussite malgré (ou grâce à) sa dyslexie. Bien qu’il ait eu des difficultés à l'école, sa neurodivergence a été une source de créativité et de vision non conventionnelle. Il attribue son succès à sa capacité à voir les choses sous un angle différent, à simplifier des concepts complexes et à s'entourer de personnes qui compensent ses lacunes. Branson a bâti un empire mondial en refusant de se conformer aux normes établies, illustrant comment la neurodiversité peut mener à des réussites exceptionnelles.

De manière similaire, Temple Grandin, une femme autiste, a révolutionné l’élevage bovin en créant des systèmes plus respectueux des animaux, grâce à sa compréhension unique du comportement animal et à sa perception sensorielle atypique.

Dans le secteur des sciences, Richard Feynman, lauréat du prix Nobel de physique en 1965, est un autre exemple de la manière dont la neurodivergence peut conduire à des contributions majeures. Sa capacité à penser en termes visuels et à simplifier des concepts complexes a fait de lui l'un des plus grands vulgarisateurs scientifiques de son époque.

Les exemples ci-dessus montrent que les personnes neuro-atypiques peuvent apporter une créativité et une innovation inédites. C’est pour ces raisons que des entreprises comme SAP et Microsoft ont mis en place des programmes pour recruter des personnes avec ces profils atypiques. En effet, les entreprises qui adaptent leurs environnements de travail en tenant compte des spécificités des personnes neuro-atypiques bénéficient non seulement d'une augmentation de la productivité, mais aussi d'une meilleure innovation au sein de leurs équipes.

Représentations médiatiques

Pendant des décennies, les représentations des personnages neuro atypiques dans les médias ont souvent été simplifiées et réduites à des stéréotypes. Par exemple, des films comme Rain Man ont popularisé l’image de l’autiste comme un génie isolé, ignorant la grande diversité des profils autistiques. Ce type de représentation renforce une vision biaisée et restreinte de la neurodivergence, ne tenant pas compte de la variété des parcours, des personnalités et des capacités des personnes neuro-atypiques.

Cependant, ces dernières années, des efforts notables ont été faits pour offrir des représentations plus nuancées et réalistes des personnes neuroatypiques. Bien que certaines séries comme Atypical et Love on the Spectrum ne fassent pas toujours l'unanimité au sein de la communauté autistique en raison de certains stéréotypes ou choix de casting, elles marquent néanmoins une avancée significative dans la sensibilisation et la visibilité de l'autisme à l'écran. 

Des représentations médiatiques plus justes et diversifiées influencent positivement la manière dont la société perçoit et accueille les neuro atypiques. Elles aident à déconstruire les idées reçues et à promouvoir une vision inclusive, où les différences neurologiques sont vues comme une partie intégrante de la diversité humaine, et non comme des anomalies à corriger. Ce changement de paradigme est essentiel pour encourager une meilleure compréhension et une intégration plus complète des neurodivergents dans la société.

Conclusion

Les adultes neuro-atypiques font face à des défis spécifiques dans leur quotidien, que ce soit dans leur vie sociale et professionnelle. L'errance diagnostique reste un obstacle majeur qui retarde la reconnaissance de leurs besoins et l'accès à des aménagements appropriés. Cependant, de plus en plus d'initiatives voient le jour pour soutenir les personnes neuroatypiques. En approfondissant notre compréhension des neuroatypies, nous pouvons continuer d'encourager une société plus inclusive, capable de répondre aux besoins spécifiques de chaque individu en fonction de ses capacités et spécificités.

Publié par David Atypikoo

Suite à un test WAIS-IV en 2019, j'ai décidé de créer le réseau social Atypikoo pour contribuer à l'épanouissement des personnes (neuro)atypiques et leur permettre de faire des rencontres amicales et amoureuses. Passionné par la psychologie, le biohacking et la santé mentale, j'ai à cœur de transmettre mes connaissances afin d'aider les personnes qui partagent un fonctionnement singulier.
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1 commentaires sur Neuroatypiques : comment reconnaître et valoriser la neurodiversité