L’intelligence, faculté de connaitre et de comprendre, mais aussi de s’adapter et de ressentir, varie d’un individu à l’autre, est relative et difficile à mesurer.
Pourtant, dans nos sociétés normées, nous avons besoin de repères et de reconnaissances. Nous avons besoin de comprendre les échecs et les réussites de chacun. Étrangement, il est bien plus facile d’évaluer nos lacunes plutôt que nos facultés, mais malgré les efforts d’objectivités, les évaluations sont toutes inévitablement basées et classées selon les critères d’exigences que le fonctionnement de nos sociétés nous impose.
Au cours du XIXe siècle, de nombreux chercheurs s’intéressent à l’intelligence et tentent d’en comprendre les mécanismes, notamment au travers des capacités inégales d’apprentissages des élèves.
Les premières tentatives d’évaluations de l’intelligence se font sur des étudiants, en 1890 par l’Américain McKeen Catell « the mental test » afin de mesurer par une série d’épreuves les différentes les aptitudes des étudiants.
Le psychologue Allemand William Stern est l’initiateur du calcul du quotient intellectuel. Conçu pour évaluer les enfants, ce QI est le rapport entre l'âge mental et l'âge réel (chronologique) multiplié par 100, et n’est donc pas adapté pour mesurer l’intelligence des adultes.
La première échelle d’intelligence de référence fut publiée en 1905 par les Français Alfred Binet et Théodore Simon à la demande de l’Etat dans le but de détecter les élèves ayant de faibles capacités scolaires, ce premier test est nommé le « Test de Binet et Simon ».
Le QI « standard » utilisé pour les adultes est calculé de manière différente. Le test de David Wechsler utilise une courbe de Gauss pour identifier le haut potentiel intellectuel à partir du seuil de 130. La moyenne étant fixé à 100.
Le facteur G (générale) mit en évidence par le psychologue Charles Spearman, représente les performances globales de bases.
En 1939, l’américain Louis Leon Thustone remet en cause la thèse du facteur G, en multipliant les facteurs. Sept facteurs sont déterminés : facteur spatiale, facteur de perception, facteur verbal, facteur lexical, facteur mémoire, facteur numérique, facteur de raisonnement.
Les recherches et les moyens technologiques évoluant, d’autres tests plus sophistiqués sont apparus, plus précis et qui réunissent les deux modèles.
La théorie de Cattell-Horn-Carolle, qui tient son nom des trois psychologues Raymond Catell, John L.Horn et John Bissell Carroll, est une évaluation plus large et hiérarchique, modèle actuellement reconnu et utilisé pour l’approche psychométrique, ayant comme socle le facteur G et un éventail pyramidal d’habilités cognitives humaines. Intelligence classée en strates avec deux catégories principales :
Ces aptitudes sont divisées en degrés d’habilitées motrices, de perceptions, d’attentions, de connaissances, de vitesses et chacune d’entre elles divisées en catégories encore plus affinées.
En 1946, René Zazzo, spécialiste Français de la psychologie de l’enfant, suite à une étude de cas sur une enfant ayant une défaillance des capacités cognitives spatiales due à un accident et mettant en cause la capacité de cette personne à lire, parlera des intelligences, et non de l’intelligence, puisqu’elles sont indépendantes les unes des autres.
Dans cette même optique le psychologue américain Howard Gardner développe la théorie des intelligences multiples. Ses travaux de recherche en éducation ont été effectués auprès d’enfants ayant des déficiences cérébrales et privés de certaines facultés intellectuelles mais capable d’en accomplir d’autres. Egalement auprès d’enfants autistes qui malgré leur handicap sont capable pour certains de reproduire par exemple un concerto de musique après une simple écoute ou le dessin détaillé d’un paysage dans les moindres détails après l’avoir regardé une seule fois. Il en déduit qu’il existe bien une multitude de formes d’intelligences indépendantes les unes des autres.
Dans les années 2000 ses ouvrages influencent les milieux éducatifs et permettent une nouvelle vision de l’enseignement. Une approche plus positive de l’apprentissage. Les enfants pour qui divers champs peuvent redevenir possible malgré leurs faiblesses dans certains domaines.
Capacité et aisance à manier le langage et les lettres. L’intelligence linguistique est la plus valorisé à l’école au côté de l’intelligence logico-mathématique qui est le socle incontournable de l’enseignement scolaire. Les deux étant complémentaires pour résoudre ou énoncer un problème. La maitrise de la rhétorique est un atout puissant qui permet de nuancer les idées, les mettre forme et les transmettre avec précision. La maitrise du langage permet aussi une meilleure appréhension de la logique grammaticale et facilite l’apprentissage des langues étrangères.
Ces aptitudes sont indispensables dans les professions des lettres, les avocats, les poètes, écrivains, journalistes, orateurs, et tous les métiers qui nécessitent de formuler des idées, des pensées ou l’utilisation de son imagination, à l’oral comme à l’écrit.
Intelligence des musiciens et compositeurs. Capacité de comprendre, ressentir, mémoriser, interpréter, créer ou apprécier la musique et les rythmes.
Capacité à résoudre des problèmes abstraits de logique ou de mathématique, de calculer et catégoriser. Manipuler les chiffres avec aisance, émettre des hypothèses, comprendre des phénomènes complexes. L’intelligence logico-mathématique est valorisée en occident en particulier au sein de l’enseignement.
Sens de l’espace, de l’architecture et de l’environnement spatiale. Cette capacité de représentation spatiale permet des représentations mentales virtuelles fines, une mémoire visuelle de haute qualité et permet des facultés créatives dans les domaines artistiques, comme la sculpture, la photographie, la peinture, la géographie.
Habilités physique et intelligence du corps. Capacité à utiliser son corps comme moyen d’expression. Par le sport, la danse, le théâtre, mais aussi par la motricité fine, les artisans, les bijoutiers mais également les chirurgiens.
Intelligence de l’introspection, de l’auto analyse, qui permet une bonne connaissance de soi. Analyse de ses pensées, ses comportements, ses émotions, connaitre ses limites et ses forces. L’intelligence intrapersonnelle est utilisée dans les métiers de la psychologie, la psychiatrie, les métiers du conseil où sont sollicitées les capacités d’analyses fines des sensibilités et les émotions.
Intelligence fine et aiguisée pour comprendre les autres, anticiper, avoir de l’empathie, de la tolérance. Etre à l’écoute des autres, être sensible aux réactions et aux besoins de son entourage. L’intelligence interpersonnelle permet à l’individu de détecter les sous-entendus des relations sociales, favorise les coopérations et l’analyser des interactions. Elle est celle des leaders, des enseignants et également des commerçants.
Gardner ajoute ultérieurement les intelligences :
Etre sensible au vivant et a son environnement. L’intelligence naturaliste est celle de l’observation, la capacité de reconnaitre et de classer tout ce qui compose l’environnement naturel, la faune et la flore mais également l’univers culturel qui nous entoure.
Aptitude à se questionner sur l’essence et l’origine de l’existence et des choses. L’intelligence existentielle n’est pas considérée par Gardner comme une intelligence à part entière mais elle permet des aptitudes spirituelles développées et une sensibilité morale.
(Sauf l’intelligence naturaliste et existentielle).
Cette découverte bouleverse la définition même de l’intelligence et fait tomber de son piédestal la toute puissante intelligence logico-mathématique que Piaget avait placé comme socle incontournable et suprême des apprentissages scolaires, nécessaire et indispensable critère de réussite et de performances.
Les 7 types d’intelligence, ne sont pas classées de façon hiérarchique selon leur importance. Mais c’est peut-être préférable.
Pourtant le fonctionnement de notre société nous impose, de façon inévitable, un classement pyramidal. Une personne ayant une aptitude particulière à la musique, sauf s’il devient musicien de talent et puisse vivre de son art, aura bien plus de difficulté à s’élever dans la société, d’y trouver sa place, et réussir socialement qu’une autre ayant une intelligence linguistique ou logico-mathématique plus développée. Pourtant, à contrario, une personne avec une intelligence logico-mathématique très développée, réussira brillamment des études scientifiques mais pourrait être incapable de gérer des relations sociales.
La théorie de Piaget est à l’image de la structure, du fonctionnement et des exigences de nos sociétés occidentales. La logique froide et mathématique, nettoyée d’intuition, de transmission implicite et sociale, incarne « l’intelligence » comme un modèle universel et valorisé à l’excès.
Cette dernière décennie sera celle qui ramènera les humains vers une vision plus équilibrée de l’intelligence. Sans pour autant renier l’évidente utilité et l’importance de la rigueur des sciences mathématiques, donner une place à de toutes les autres types d’intelligence, les valoriser, permettre aux enfants de les développer lors de leur cursus scolaire afin de leur ouvrir les portes de la réussite dans les domaines qui leurs sont possible.
Ainsi, le système scolaire classique est remis en question, les matières elles-mêmes imposées comme « principales » et qualifiantes pour tous, deviennent discriminantes envers les enfants ayant une intelligence dominante différente du pilier logico-mathématique.
Un enfant ou un adulte peut être surdoué tout en ayant un résultat moyen au test de QI car celui-ci n’évalue pas toutes les formes d’intelligence. Le surdoué, excellent en tout est un mythe. De la même façon un enfant en difficultés scolaires n’est pas forcément un enfant moins intelligent que les autres bien au contraire, il est peut-être surdoué ailleurs.
Le nouveau challenge de l’école sera donc d’adapter l’enseignement aux différentes formes d’intelligence.
Il existe une autre forme d’intelligence, mystérieuse et longtemps niée, n’ayant aucun sens autrefois pour les scientifiques, elle est aujourd’hui reconnue comme extrêmement puissante. L’intelligence intuitive ou intuition. Elle échappe à toute explication et raisonnement logique, mais pourtant nous livre des clés, nous oriente, nous donne des indications, nous guide de façon surprenante, pertinente et est bien supérieure à nos facultés de raisonnements. Pour la développer nous devons justement être capable de mettre à l’écart toutes les autres intelligences qui interfèrent, la masquent et la perturbent. Comme le disait l’éminent Henri Poincaré :
C’est avec la logique que nous prouvons et avec l’intuition que nous trouvons.
Henri Poincaré
L’intelligence intuitive est encore bien plus difficile à évaluer, son développement dépend de nos facultés de dissociations des différentes intelligences, afin d’être à l’écoute de nous-même, de nos ressentis, réceptifs aux signaux et aux codes de celle-ci.
L’intuition est innée et naturelle chez les enfants, donnons-leur la possibilité de la conserver, de ne pas l’éteindre et la faire taire par l’éducation logique et rationnel qui domine nos sociétés.
Et vous, utilisez vous votre intuition ? Quelle type d’intelligence possédez vous ?
L’esprit intuitif est un don sacré et l’esprit rationnel est un serviteur fidèle. Nous avons créé une société qui honore le serviteur et a oublié le don.
A. Einstein
Sources :
www.science-et-vie.com/questions-reponses/chaque-individu-est-il-intelligent-a-sa-facon-10629
www.cerveauetpsycho.fr/sd/psychologie/plusieurs-intelligences-detectees-dans-le-cerveau-8386.php
fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9orie_des_intelligences_multiples
nospensees.fr/modele-dintelligence-de-cattell-lintelligence-fluide-cristallisee/
howardgardner01.files.wordpress.com/2015/04/cerveau_psycho_mars_avril_2015.pdf
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