Beaucoup parmi vous hésitent encore à passer le test WAIS IV.

Certains y renoncent pour de mauvaises raisons, en s’imaginant que le test est trop « logico-mathématique » ou que leur porte-monnaie ne se remettra pas de cette entreprise. Vous pouvez en effet passer le test WAIS gratuitement en faisant appel à un CMP (Centre Médico-Psychologique). Le parcours y est plus long et l’accompagnement pas toujours adapté. 

Les spécialistes ou les praticiens sensibilisés à la douance -  même parmi les neuropsychologues  - restent peu nombreux. 

Enfin, une fois le WAIS obtenu, vous serez malheureusement livrés à vous-même.

Si vous vous dirigez dans cette direction, je vous suggère de préparer au préalable votre demande et même de noter un maximum d’éléments qui vous incitent à penser que vous pourriez être concerné par le haut potentiel. Il vous faudra en effet persuader d’abord un infirmier, puis un psychologue avant de pouvoir être pris en charge par un neuropsychologue.

J’espère que ce sujet vous décidera, qu’il balaiera certaines idées reçues et qu’il répondra à quelques questions que vous vous posez. J’invite enfin les surdoués testés à faire part dans cet espace de leur expérience.

Ce qu’il faut savoir avant de passer le test WAIS IV

- Le WAIS n’est pas un test qui s’adresse uniquement aux matheux. Il est composé de 9 exercices : « Cubes », « Information », « Matrice », « Similitudes », « Mémoire des chiffres », « Puzzles visuels », « Symboles », « Vocabulaire » et « Arithmétique ». D’autres tests peuvent le compléter afin de mesurer les capacités d’attention et relever des TDAH (Troubles de l’attention et du comportement).

- L’entretien préalable est déterminant. Il faut en profiter pour exprimer d’éventuelles singularités (dyslexie, dyspraxie, dyscalculie, prosopagnosie, etc.), des suspicions de traits autistiques, des comportements ou des attitudes singulières que l’on vous a signifiés (pics émotionnels, instabilité professionnelle, excès, etc.). Si vous éprouvez un sentiment d’ennui chronique, si vous avez des difficultés à comprendre le langage non-verbal, si les interactions sociales sont pour vous des sources d’incompréhensions, etc., verbalisez-les afin que le neuropsychologue puisse rendre un bilan détaillé. Les éléments que vous délivrerez sur vous-même pourront peser sur les résultats et l’interprétation de vos scores. Il faudrait idéalement 1 à 2 séances complètes pour qu’une anamnèse exploitable puisse être faite ; c’est encore mieux si votre psy et votre neuropsychologue peuvent communiquer entre eux. Cette étape permet  -  comme on vient de le voir - de relever des aspérités, mais elle sert aussi à réunir des éléments significatifs d’un « mode de pensé surdouée* ». Cette appréciation devrait constituer à elle seule plus de 30% du test.

- Si d’emblée le psychologue ou le neuropsychologue vous propose de tout passer en une seule fois, sachez que vous avez très certainement affaire à quelqu’un d’incompétent ou de suffisamment vénale pour enchaîner les passations au mépris du bien-être des personnes qui viennent consulter. Certaines figures comme Arielle Adda sont extrêmement décriées en coulisse. Ne vous fiez donc pas à eux. Ne vous fiez pas non plus aux adeptes de l’institut du doigt mouillé car, même si le WAIS n’est qu’une partie de la réponse quant à la douance, cela reste un outil déterminant. Les psys qui vous donneront un “diagnostic” de douance (et il y en a) sans preuves, sont eux aussi des incapables ou des charlatans.

- Un test WAIS passé dans de bonnes conditions nécessite entre 2 et 3 séances : au moins 1 (et ce n’est pas du luxe) consacrée à l’anamnèse, 1 au test (ou 2 si besoin) et 1 à la restitution des résultats. Toutes ces séances doivent durer au moins 1 heure. Un accompagnement psychologique est recommandé ensuite.

- Sachez ensuite qu’il n’y a pas de QIT (score de QI total) non-calculable. Cette erreur, largement répandue aujourd'hui, provient des créateurs du WAIS-IV eux-mêmes. Ces derniers ont fait amende honorable en 2017, mais malheureusement beaucoup de neuropsychologues continuent de véhiculer cette erreur trois ans plus tard. Si on vous oppose cet argument, réfutez-le. Demander à votre spécialiste de se renseigner sur cette controverse. Pour l’en convaincre, vous pouvez vous appuyer sur cette démonstration.

Une autre conséquence de cette erreur mise à jour c’est que la notion d’hétérogénéité d’un profil cognitif. En fait, un profil hétérogène n’est pas identifiable avec seulement les indices (ICV, IRP, IMT, IVT, QIT) que l’on vous restitue après bilan. Il ne s’agit pas d’un nombre de points d’écart entre les indices, mais d’un nombre de points d’écart entre la moyenne des indices du profil et chacun des indices.

Prenons un exemple fictif concret :

- ICV 95
- IRP 100
- IMT 108
- IVT 98

Pour déterminer si ce profil est hétérogène ou non, il faut dans un premier temps faire la moyenne des 4 indices, ce qui nous donne 100,25. Ensuite, il faut faire la différence entre chacun des indices et cette moyenne.

Ici on fera 95 - 100,25 pour l’ICV, ce qui nous donne - 5,25.

IRP 100 - 100,25 = - 0,25
IMT 108 - 100,25 = 7,75
IVT 98 - 100,25 = -2,25

On retient donc les résultats de ces différences, et on les compare à des “valeurs seuils précises” (qui sont invariables, et fournis dans les manuels de cotations et interprétations du WAIS-IV). Si la différence dépasse cette “valeur seuil”, cela démontre alors que l’indice en question est significativement éloigné de la moyenne. Ce n’est qu’à cette condition que l’on peut parler de profil cognitif hétérogène.

- Certains spécialistes pourront vous donner en marge de leur compte-rendu une fourchette reflétant sans doute mieux votre véritable QIT. Tout dépendra de l’anamnèse et de la façon dont se dérouleront les épreuves. Sauf cas très exceptionnels, cette fourchette ne devrait pas dépasser 3 points de QIT. On pourra donc vous dire que votre QIT se situe entre 138 et 141 sans se risquer dans l’hérésie.

Ce qu’il faut faire pour passer le test WAIS 4 dans de bonnes conditions

- Pensez donc, avant votre premier rendez-vous, à rédiger une synthèse de votre parcours ; rendez compte de votre environnement familial, de vos succès ou de vos épreuves dans chaque aspect de votre vie, afin que le neuropsychologue puisse affiner son analyse. Parlez aussi de vos goûts, de vos aspirations et de vos considérations. Ne vous contentez pas du passé, évoquez en effet votre actualité ; Le stress, la dépression mais aussi la prise de certains médicaments peuvent fausser défavorablement les résultats. Il ne faut pas hésiter d’une part à faire état de votre forme morale au spécialiste qui vous suit, mais aussi à différer l’examen si besoin est.

- Épargnez-vous le plus possible de sources inutiles d’anxiété. Faites-vous plaisir un maximum avant de passer le WAIS. L’impact sur les performances est avéré.

- Considérez le WAIS comme un jeu.

- Exprimez vos raisonnements et les stratégies que vous mettez en place pendant les tests. Cet aspect est très important et impacte fortement le compte-rendu.

- Renseignez-vous, si besoin, auprès de surdoués testés. Recueillez leur témoignage. Vous constaterez que 2 choses reviennent fréquemment. 1) Tous l’ont plus ou moins vécu  -  au bout d’un moment  - comme un jeu. 2) Certains l'ont aussi plus ou moins sabordé par ennui. Si vous sentez que vous vous lassez, vous devez en faire part à votre neuropsychologue sous peine de fausser vos propres résultats.

Ce qu’il ne faut pas faire avant de passer le WAIS IV

- N’essayez pas de passer par vous-même des tests de QI sur internet (ou ailleurs). Ceux-ci n’ont aucune valeur et s’avèrent souvent n’être que des arnaques. Vous pouvez parfaitement obtenir un score relativement moyen à ces tests (autour de 120 ou 125) et avoir un QI évalué à 140 avec le WAIS (c’est mon cas).

- Ne passez pas le pré-test du Mensa ou ne vous basez pas trop sur les résultats obtenus, surtout si vos points forts sont liés au champ littéraire ou artistique, à la culture générale ou à une grande capacité mémorielle. Le pré-test du Mensa est en effet axé sur les compétences logico-mathématiques. Même si vous passez par la suite l’intégralité du test et que vous échouez, cela ne signifie pas pour autant que vous n’êtes pas concerné par le haut potentiel.

- Ne vous fiez pas aux vidéos sur Youtube. En dehors de celles mises en ligne par le Mensa et de spécialistes reconnus (et encore !), la plupart de ces interventions tendent à affirmer des points de vue (comme celles d’une « Psy à la maison ») sans fondement et ne développent aucune argumentation un tant soit peu rationnelle. Elles ne font que répéter ou déformer des idées pas toujours démontrées. Certaines chaînes sont même alimentées par des individus peu scrupuleux  - comme Raymonde Hazan.

- De même, ne prenez pas les reportages télévisuels sur la douance pour argent comptant. Ces émissions ou ces programmes véhiculent et entretiennent souvent des clichés. On y fait témoigner des « singes savants » ou des personnes disposant de talents logico-mathématiques hors normes sans se soucier du fond. Le spectaculaire et l’immédiateté étant les nerfs de la guerre sur le petit écran…

- Evitez les ouvrages de vulgarisation parce qu’ils propagent souvent, eux aussi, des stéréotypes. Certains parmi eux restent délibérément dans le flou pour des questions bassement commerciales. Je pense tout particulièrement à « Trop intelligent pour être heureux ? L’adulte surdoué. » de Jeanne Siaud-Facchin. Préférez les livres plus engagés ou plus techniques, même si eux aussi peuvent être dans l’erreur ou se hasarder dans des théories discutables. Préférez donc les ouvrages rédigés par des surdoués testés comme Nicolas Gauvrit, Fabrice Bak ou Carlos Tinoco.

- Évitez la plupart des blogs pour toutes les raisons évoquées plus haut. Même s’ils sont alimentés par des surdoués, la plupart sont autocentrés et peuvent fausser votre perception du WAIS ou de la douance. Les pires étant ceux dédiés à la douance des enfants. Quelques sites sont malgré tout très bien documentés et très pertinents. 

- Ne vous entraînez pas. Faire des grilles de Sudoku, de mots-croisés, des parties de Trivial Pursuit, des tests sur internet ou des exercices de mémorisation ne sert à rien. Cela ajoutera au contraire une pression inutile. Si vous tenez absolument à « muscler » vos capacités cognitives, lisez. Même (et surtout) un roman pourra vous permettre de vous rassembler en aiguisant votre imagination.

Les choses en passe de changer

- Il est désormais certain qu’entre 125 et 135 de QIT le diagnostic d’une douance ou d’une non-douance n’est pas avéré. Cette considération voit triompher l’idée défendue par Carlos Tinoco d’une « pensée surdouée* » relativement indépendante du score obtenu. Selon le contexte et l’histoire personnelle de chacun, en effet, un individu pourra voir son score déprécié ou, à l’inverse, surestimé. C’est donc une bonne nouvelle pour ceux qui sont demeurés au seuil, mais une énorme bombe à retardement pour ceux qui ont cru être définitivement attestés. Une minorité de spécialistes, il faut le souligner, sont favorables à une élévation du seuil de 130 à 135 pour pouvoir parler de “diagnostic” très fiable. D’autres souhaitent accorder plus d’importance à l’anamnèse. Il sera sans doute nécessaire de corréler les points de vue. Ce qui est indubitable, c’est que les neuropsychologues et les autres spécialistes vont avoir un rôle beaucoup plus prégnant dans l’interprétation du mode de fonctionnement des personnes évaluées. Pour ceux que cela intéresse, cette fameuse « pensée surdouée » est détaillée dans l’ouvrage de Carlos Tinoco : « Les surdoués et les autres — Penser l’écart ».

Parmi les autres pistes examinées depuis 3 ou 4 ans, il y a celle qui semble indiquer que la « pensée surdouée » se caractérise par des indices ICV (Indice de Compréhension Verbale) et IRP (Indice de Raisonnement Perceptif) très élevés. Ces deux derniers doivent être supérieurs aux autres et être supérieurs ou très supérieurs à la moyenne de la population. Une étude était en cours en 2017 ; je n’en ai pas obtenu les résultats…

La fiabilité du WISC est plus encore sur la sellette. Une étude montre que sur un ensemble de 100 enfants “diagnostiqués” précoces, 30% d’entre eux n’étaient plus « HPI » vingt ans plus tard, après avoir passé le test WAIS. Pour pallier ce fiasco dont les méfaits n’ont pas fini de faire parler d’eux, il faudra accorder plus d’importance aux entretiens et moins systématiser les tests… Les spécialistes devront donc faire preuve de beaucoup plus de discernement et rester de marbre face à la pression (narcissique) des parents.

Toutes ces considérations seront de toute façon réglées dans un futur proche par les IRM. Le WAIS 4 ne servira plus qu’à détailler le “diagnostic” de la douance.

Quoi qu’il en soit, le WAIS IV reste le seul test valable. Toutes les autres formes d’évaluations ou de “diagnostics” sont factices.


Ce texte est issu d’un message du forum publié par un membre d’Atypikoo : https://www.atypikoo.com/forums/topic/comment-passer-le-wais-dans-de-bonnes-conditions/page/1/

 

Publié par David Atypikoo

Suite à un test WAIS-IV en 2019, j'ai décidé de créer le réseau social Atypikoo pour contribuer à l'épanouissement des personnes (neuro)atypiques et leur permettre de faire des rencontres amicales et amoureuses. Passionné par la psychologie, le biohacking et la santé mentale, j'ai à cœur de transmettre mes connaissances afin d'aider les personnes qui partagent un fonctionnement singulier.
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12 commentaires sur WAIS IV : comment passer le test de QI dans de bonnes conditions ?