Depuis quelques années, notamment depuis la sortie de la série HPI, le Haut Potentiel Intellectuel suscite un intérêt grandissant. De nombreuses personnes se revendiquent HPI ou « zèbres », souvent à partir de descriptions trouvées dans des livres populaires traitant du sujet ou sur internet. Mais dans ce flot d'informations, il devient difficile de distinguer la réalité des mythes.
L’effet Barnum, un biais cognitif bien connu, pourrait bien expliquer pourquoi tant de gens se reconnaissent dans des descriptions flatteuses. À cela s’ajoute la confusion autour des critères réels du HPI, contribuant à une vague d’auto-diagnostics. Mais ces perceptions sont-elles fiables ? Et quels impacts ont-elles sur la manière dont nous évaluons notre propre intelligence ?
L’effet Barnum est un phénomène psychologique bien connu où des descriptions vagues et générales sont perçues comme très précises par ceux qui les lisent ou les entendent. Ce biais a été mis en évidence par le psychologue Bertram Forer dans les années 1940. Lors d'une expérience, Forer a donné à ses étudiants une évaluation de personnalité basée sur des descriptions génériques issues d'horoscopes. La majorité des participants ont trouvé que cette évaluation leur correspondait à un degré élevé, alors que tous avaient reçu le même texte.
Cet effet se retrouve dans des domaines comme l'astrologie, la chiromancie, et même certains tests de personnalité. La clé de l'effet Barnum réside dans la formulation de descriptions assez générales pour qu'elles s'appliquent à presque tout le monde, tout en donnant l'impression qu'elles sont uniques et personnalisées. L'effet joue sur notre tendance à reconnaître des aspects de notre personnalité dans des déclarations vagues.
Le Haut Potentiel Intellectuel est souvent entouré de nombreux mythes, en grande partie en raison de la popularisation du concept dans les médias et sur les réseaux sociaux. Parmi ces fausses croyances, on trouve l’idée que les personnes HPI seraient hypersensibles, auraient une pensée « en arborescence » ou un sentiment de décalage par rapport aux autres. Ces généralisations font que de nombreuses personnes s’identifient facilement comme pouvant être HPI. En effet, certaines caractéristiques, attribués parfois à tord au HPI, font qu'une large majorité de personnes peuvent s’y reconnaître, alors que les HPI représentent seulement 2.3% de la population. D'ailleurs, il devenu assez fréquent de voir certaines personnes ayant été jusqu'au bout du processus d'identification exprimer leur agacement face à celles et ceux qui s'auto-diagnostiquent sans évaluation rigoureuse. En effet, se proclamer HPI sans évaluation formelle reste problématique car cela rend floue la distinction entre un diagnostic "officiel" et une auto-évaluation subjective de sa propre intelligence.
Il est intéressant de noter que notre capacité à évaluer notre propre intelligence est souvent biaisée. Des études montrent que les hommes ont tendance à se percevoir comme plus intelligents que les femmes, et ce, même dans des contextes où ces perceptions ne reflètent pas la réalité mesurée par des tests de QI. Par exemple, une étude a montré que les hommes s’attribuent des scores de QI plus élevés que les femmes, surtout dans des domaines comme la logique et les compétences spatiales.
À l'inverse de l'effet Barnum, certaines personnes, malgré une intelligence objectivement mesurable, peuvent sous-estimer leurs capacités. Ce phénomène est en partie lié à l'effet Dunning-Kruger (ou effet de surconfiance), où les personnes très compétentes peuvent percevoir leurs réussites comme de simples circonstances ou de la chance, tandis que les moins compétentes surestiment leurs capacités. Selon une étude de Perkins et al. (2000), certaines personnes très curieuses et réfléchies sous-évaluent leurs compétences intellectuelles, car elles sont plus conscientes de ce qu'elles ignorent (Perkins et al., 2000).
Ces biais sont exacerbés par la prolifération de tests promettant de révéler si vous êtes doté d'une haute intelligence. Malheureusement ces tests ont souvent tendance à se baser sur certains mythes autour du HPI et l'absence de rigueur dans ces évaluations peut contribuer à entretenir une confusion avec d'autres profils cognitifs, comme l’autisme ou les troubles de l’attention.
Conscients des risques liés à cette confusion, Atypikoo a d'ailleurs conçu un test d’auto-évaluation basé sur des études scientifiques. Ce test ne prétend pas poser un diagnostic formel mais vise à fournir une première analyse de votre fonctionnement cognitif. C'est une première étape pour vous orienter vers une démarche plus approfondie avec un professionnel qualifié, afin d’obtenir un diagnostic rigoureux et personnalisé.
Bien que les tests de QI, comme le WAIS, soient la méthode la plus couramment utilisée pour évaluer le Haut Potentiel Intellectuel, il est essentiel de garder à l'esprit qu'ils ne mesurent qu'une partie des compétences intellectuelles, principalement liées à la logique, la mémoire et la résolution de problèmes. L'intelligence humaine est complexe et multidimensionnelle, et un simple test de QI ne peut pas capturer toutes les facettes des capacités cognitives.
Cependant, il est tout aussi important de souligner que s'auto-proclamer HPI sans une évaluation formelle peut être trompeur. Un ressenti personnel, souvent influencé par des biais cognitifs tels que l'effet Barnum, peut donner une fausse impression de correspondance avec le profil HPI. C'est pourquoi un diagnostic rigoureux, réalisé par un professionnel, est essentiel pour distinguer un véritable HPI de simples impressions.
De plus, un diagnostic permet non seulement de mieux comprendre son propre fonctionnement intellectuel, mais aussi de dissiper des doutes tels que le syndrome de l'imposteur, qui touche souvent des personnes dotées de grandes capacités intellectuelles, mais qui en sous-estiment la valeur.
En fin de compte, bien que le HPI suscite un intérêt croissant et que de nombreux mythes continuent de circuler, il est crucial de s'appuyer sur une évaluation professionnelle pour éviter la confusion et pour avancer avec confiance dans la connaissance de son propre potentiel.
5 commentaires sur HPI : attention à ne pas tomber dans le piège Barnum