L’école… Lieu du savoir, de la transmission, des premières interactions sociales, lieu de vie où nous passons notre petite enfance, enfance et adolescence.

L’école, dont la raison d’être fut l’instruction, privilège convoité enfin accessible à tous, est devenue un lieu d’ennui et de frustration pour beaucoup d’élèves, d’échec et d’exclusion pour certains.

Les enfants qui ne se conforment pas et ne se soumettent pas au système sont mal vus, mis à l’écart ou ignorés.

Quel avenir pour les enfants atypiques dont le fonctionnement psychologique est différent de la majorité ?

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Comment notre système éducatif est-il devenu aussi rigide ?

Au cours du XIXème siècle, la révolution industrielle transforme et bouleverse notre société. 

Son impact n’épargne aucun domaine, la politique, le droit, l’urbanisation, la psychologie, l’enseignement scolaire et ses méthodes. Ce modèle industriel s’impose partout.

Le système scolaire devient à son tour une industrie, l’industrie du savoir, où tous les élèves apprennent les mêmes choses au même âge et de la même façon.

Au début du XXème siècle, des voix s’élèvent contre l’enseignement traditionnel, et avec eux l’éclosion les pédagogies nouvelles, qui considèrent que cette uniformisation est néfaste et ne respecte pas la psychologie de l’enfant. 

Célestin Freinet et Roger Cousinet en France, Ovide Decroly en Belgique, Rudolf Steiner en Autriche, Maria Montessori en Italie, pionniers et révolutionnaires, tous ces pédagogues ouvrent la voie historique des nouvelles pédagogies, de l’innovation dans l’enseignement et dans l’analyse des mécanismes de l’apprentissage. 

Le dénominateur commun de toutes ces méthodes, pratiquées de façon marginale voire expérimentales et surtout dans le secteur privé, est que l’unique façon de motiver les enfants et leur donner l’envie et la volonté d’apprendre, est le plaisir.

Présenter l’enseignement de façon « séduisante » ou « appétissante », n’est pas vraiment l’objectif ni le point fort de notre éducation nationale. 

Transformer notre école en un espace d’épanouissement personnel, favorisant l’autonomisation selon la formule de Maria Montessori « aide-moi à faire seul » ; un espace d’éveil de la curiosité avec le concept de Célestin Freinet de « tâtonnement expérimental », d’imagination, de renoncement à la compétition, aux notes, aux classements et pour encourager la bienveillance. 

Permettre à l’élève de choisir ses domaines d’apprentissages selon ses affinités, sortir de la passivité des cours magistraux pour le rendre acteur. 

Au XXIe siècle apparaissent les pédagogies alternatives, qui se dissocient des pédagogies nouvelles avec cette volonté de ne pas se confiner dans une pédagogie spécifique, tout en s’en inspirant.

En 1969, le célèbre « Liberté pour apprendre » du psychologue Carl Rogers, qui fut « anti-enseignant » à la façon de « l’antipsychiatrie», considère qu’il est inutile d’enseigner, le rôle de l’enseignant devant être plutôt un « facilitateur d’apprentissage » afin que chacun puisse trouver des réponses constructives a ses inquiétudes et permettre ainsi à l’individu de se révéler. Il est opposé à la notation et prône l’autocorrection ainsi les travaux de groupe.

Ces mouvances pédagogiques restent exceptionnelles au sein de l'éducation nationale, aucune formation spécifique à une pédagogie alternative n'étant dispensée dans le cursus des enseignants.

Rien ne peut s’acquérir sans passion, l’amour est notre moteur. Ceux qui excellent dans un domaine sont des amoureux, des passionnés.

Guider les élèves pour les mener vers l’accomplissement d’eux-même, est le cœur du livre « Libérez votre cerveau » d’Idriss Aberkane. Il nous rappelle que nous avons tous un potentiel mais pour l’explorer il faut avoir le bon mode d’emploi de notre cerveau. Il faut « donner à nos enfants l’appétit du savoir ». Rien ne peut s’acquérir sans passion, l’amour est notre moteur. Ceux qui excellent dans un domaine sont des amoureux, des passionnés. 

Notre école reste pourtant un lieu où les élèves doivent entrer dans des moules précis, se conformer aux exigences du système éducatif qui impose à l’ensemble de la population une façon d’apprendre, un rythme et un programme arbitraire sans tenir compte des différences entre les enfants.

Les prise en charges des troubles en « dys » dyslexies et autres troubles de l’apprentissage ont bien progressé en France avec des dépistages précoces et des soins adaptés. 

Cependant, pour les enfants avec d'autres neuroatypies, les diagnostiques ne sont pas toujours au point. Les enseignants n’ont pas encore les outils nécessaires pour identifier ou diagnostiqué ces enfants atypiques et leur permettre une bonne prise en charge.

Le décalage social est souvent le premier « symptôme » de la douance. Les témoignages le montrent. Certains adultes identifiés Haut Potentiel tardivement racontent leur souffrance de se sentir différents en société et durant l’enfance parmi leurs copains de classes.

La clé qui permettra à l’enfant neuroatypique de vivre sa scolarité de façon plus sereine est de nommer sa différence et la comprendre, sans quoi sa quête perpétuelle de lui-même annihilera ses capacités, sa confiance en lui et son épanouissement.

Néanmoins, ces dernières années, une prise de conscience collective se profile. En France, selon la psychologue Monique de Kermadec, spécialiste de la douance, « nous sommes à l’aube d’une évolution ».

Les "diagnostics" deviennent plus précis, les tests de QI sont faits avec des évaluations plus complètes du profil psychologique. Le test d’évaluation WAIS IV, le dernier en date, même s’il n’est pas fiable à 100% et a des failles, est tout de même beaucoup plus performant que les tests antérieurs existants. 

Depuis 1995 environ, les associations de parents d’élèves, par l’intermédiaire de l’AFEP (Association Française pour les Enfants Précoces) et l’ANPEIP (Association Nationale pour les Enfants Intellectuellement Précoces), sont en contact avec l’Education Nationale pour agir. 

La circulaire publiée en 2007, par le Ministère de l’Education Nationale, soutient l’idée de réformes nécessaires, identification, prise en charge, sensibilisation et information (mais toujours pas de formations spécifiques…) pour le personnel des établissements scolaires. Pour les parents, les démarches demeurent fastidieuses et longues. 

Quelques établissements de pointe existent à Paris dans le secteur privé. Dans le secteur public, le lycée Janson de Sailly, dans le 16ème arrondissement, a un accueil pour les enfants précoces.

De nombreux psychologues et thérapeutes se spécialisent dans ce domaine complexe et passionnant de la douance. Ainsi, les adultes en difficulté qui cherchent des réponses, les parents interpelés par les difficultés de leurs enfants (dans lesquels ils se reconnaissent parfois) peuvent consulter et obtenir des réponses. 

La prise en charge des difficultés émotionnelles et psychologiques se dénoue bien souvent au moment du diagnostic par une compréhension et une prise de conscience du Haut Potentiel. Les enfants retrouvent ainsi une confiance en eux qui leurs permet de s’ouvrir et d’accepter leur différence.

Est-ce mieux ailleurs ?

Aux USA, les élèves sont testés très jeunes. Les écoles proposent de façon quasi systématique des groupes de niveaux. Ce qui permet à ces enfants de ne pas sauter de classe, rester avec leur groupe d’âge, moins s’ennuyer en classe en étudiant à leur rythme. La reconnaissance est également très importante et est un facteur de réussite pour ces enfants.

La sélection des enfants se fait par le QI, ainsi il est présumable que les enfants à Haut Potentiel en perte d’estime d’eux-mêmes et dont le fonctionnement psychologique n’est pas compatible avec l’exigence scolaire passent outre ces identifications. Cependant, les progrès constant et l’intérêt des psychologues pour ce sujet nous permet d’être optimiste pour les prochaines années.

En Israël, les enfants sont également testés très jeunes, les élèves sont intégrés dans des programmes spéciaux au sein des universités où ils participent à des groupes de travail et valident des travaux pratiques universitaires dans le domaine de leur choix.

Ces initiatives américaines et Israéliennes tendent vers la bonne direction.  Monique de Kermadec, le confirme. Selon elle, le saut de classe n’est pas la solution à la précocité et elle est en faveur d’un assouplissement de l’enseignement traditionnel. 

Permettre aux enfants atypiques d’étudier au rythme qui leur convient dans des groupes spécifiques et /ou les intégrer à des travaux de recherches dans des domaines qui les passionnent en dehors du cursus scolaire classique, sont des programmes permettant de développer le potentiel des élèves différents et les exploiter. 

La notion d’égalité pour tous à l’école est différente selon les pays en fonction de leur histoire et leur culture. En France, l’égalité des chances se concrétise par l’uniformisation de l’enseignement en offrant le même à tous, en notant et évaluant tous les enfants de façon identique. La rigueur ancestrale du système éducatif français trouve ses racines dans la volonté historique française d’égalité sociale. L’égalité étant évidemment en premier lieu l’accessibilité à l’instruction et au savoir pour tous les citoyens. Cependant, il s’agit aujourd’hui de donner la possibilité à tous les enfants de pouvoir apprendre en développant au mieux leurs capacités et potentiels pour réussir. Les spécificités de chacun n’étant pas toujours compatibles avec un enseignement uniforme auquel l’enfant doit s’adapter coûte que coûte au détriment de ses fonctionnements psychologiques, de son système d’intelligence propre et de ses rythmes. 

Pourquoi l’enseignement ne s’adapterait-il pas à l’enfant ? 

L’exemple du système éducatif des pays nordiques nous permet de constater cette nécessité de souplesse pour la réussite de tous les enfants.

En Norvège, le système éducatif s’organise autour d’un concept d’égalité différent de la France qui est la possibilité pour tous de s’épanouir en mettant l’accent sur le développement personnel. 

Des groupes de niveau à l’école primaire et l’absence de notation jusqu’au collège sont instaurés. 

En Finlande, l’investissement dans le soutien individualisé pour les élèves dès l’école primaire et la valorisation du métier de l’enseignement avec entre autres l’obligation de formation continu des enseignants

En Suède, l’enseignement se donne pour vocation d’aider l’élève à fortifier « l’estime de soi » et individualiser le plus possible l’enseignement selon les besoins de chaque élève.

L’idée n’est pas de copier le système éducatif de ces pays, mais de s’en inspirer. 

Un système qui met en œuvre les moyens permettant de prendre en compte la spécificité de chaque élève semble profiter à tous les autres élèves aussi.

Hormis les meilleures prises en charge des enfants atypiques, les résultats globaux sont meilleurs pour l’ensemble des élèves.

A titre d’exemple, en 2016, dans le classement TIMSS Evaluation des Performances des élèves de CM1 en Mathématique (des pays européens), la France se situe en bas de l’échelle et bien en dessous de la moyenne européenne.

La bonne intégration des enfants différents, qu’ils soient Haut Potentiel ou bien autistes n’est pas seulement déterminante pour eux même et leur épanouissement, mais également pour les autres enfants dit ordinaires qui seront enrichis par la diversité des approches cognitives et leurs systèmes de pensée différents. 

Leur épanouissement sera profitable à la société dans son ensemble qui bénéficiera des ressources de leurs esprits hors normes.

Donnons aux enfants la possibilité de se révéler.

Publié par Karine

Naturopathe, sophrologue et également mère de quatre enfants, je suis passionnée de science humaines, d’arts et de lettres. Je suis engagée et militante dans plusieurs combats de société pour participer à mon niveau à la rendre plus juste et véhiculer la bienveillance. J’ai depuis peu découvert la piste du Haut Potentiel qui m’a éclairé sur moi-même de façon assez spectaculaire et à considérablement changé ma vie.
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32 commentaires sur Le système éducatif et les enfants à haut potentiel