Les personnes présentant un TDAH ont souvent des difficultés spécifiques quand il s’agit de relations amoureuses et de séduction. Comment alors s’assurer de réussir sur la scène du dating et de construire des relations riches et stables ? On vous l’explique dans cet article.
Pour rappel, le trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) se caractérise par des difficultés en ce qui concerne la modulation de l’attention (la concentration) et/ou l’impulsivité. Ce sont donc des caractéristiques qui affectent des zones très larges de la vie d’une personne, dont bien sûr sa vie amoureuse.
C’est même souvent un indice qu’une personne peut avoir un TDAH : si l’on a des difficultés récurrentes à maintenir son attention sur une relation amoureuse, si l’on prend des décisions impulsives en amour, si l’on se met en danger émotionnellement et sexuellement, cela peut être un signe de TDAH, comme on le verra plus bas.
Les études sur le sujet confirment d’ailleurs largement cette tendance. L’une d’entre elles, parue en 2019, se penchait sur les relations de jeunes adultes concernés par un TDAH, et elle concluait ainsi :
« Les jeunes adultes avec un TDAH ont des niveaux plus élevés de problèmes interpersonnels, comparés à leurs pairs. »
Une autre, datée de 2004, avait étudié des couples mariés, et concluait la même chose :
« Les résultats ont révélé que les adultes mariés présentant un TDAH rapportent des ajustements maritaux moins élevés […] ainsi que davantage de dysfonction au sein de la famille. »
Notez que d’autres atypies de fonctionnement (l’autisme notamment) ou d’autres particularités psychologiques (anxiété, traumatismes) peuvent jouer sur les relations amoureuses. Il faut donc bien différencier ce qui peut relever du TDAH ou d’autre chose.
Pour résumer ce que nous venons de dire, les relations, et en particulier les relations amoureuses, mettent particulièrement en difficulté les personnes présentant un TDAH. Comment alors l’expliquer ?
En amour, les personnes présentant un TDAH se caractérisent souvent par une certaine impulsivité, et une intensité initiale. Elles tombent amoureuses vite et fort, et leurs amours peuvent avoir des airs d’obsession au départ. Elles manifestent ainsi souvent un fort intérêt pour la personne, que cela soit sexuellement ou au niveau de l’attention portée.
Cela conduit parfois à des décisions impulsives : emménager ensemble rapidement, se marier vite, ou déclarer sa flamme beaucoup plus tôt que les autres couples. Ce n’est bien sûr pas problématique en soi, mais cela est souvent suivi d’une baisse d’intensité très nette, et souvent déroutante.
Les personnes concernées par un TDAH rapportent ainsi perdre leur intérêt amoureux et/ou sexuel subitement et sans qu’ils s’y attendent, et ne pas parvenir à maintenir leur attention sur leur couple. Pour la personne en face, c’est souvent la douche froide : elle ne comprend pas pourquoi quelqu’un qui semblait si amoureux quelques jours plus tôt semble ne plus être si attentionné. Cela conduit donc à des ruptures, ou en tout cas à une grande insatisfaction.
Attention, cela ne veut pas dire que les personnes présentant un TDAH sont sans cœur, au contraire. Elles s’en veulent couramment de ne pas réussir à maintenir leurs relations sur le long terme. Par ailleurs, beaucoup d’entre elles ont peur de faire du mal, et craignent ainsi de s’ouvrir à une nouvelle relation.
Le profil TDAH typique rapporte donc souvent des séries de relations courtes mais intenses, et une incapacité à « se poser » en couple. Plusieurs études soulignent par ailleurs cette tendance. L’une d’entre elles, datée de 2023, évoquait ces difficultés spécifiques :
« Plusieurs participants [à cette étude] se concentraient sur des relations nouvelles et se dévouaient de manière impulsive à de nouvelles relations. Cela créait des difficultés pour maintenir des relations sur le long terme. »
Les difficultés de modulation de l’attention jouent aussi sur le « maintien » de la relation et les oublis. On le sait, une relation se construit, et savoir prioriser son ou sa conjoint.e est un enjeu clé, de même que la gestion de la vie quotidienne.
Or ce sont des capacités qui font souvent défaut aux personnes présentant un TDAH. Les nombreux oublis peuvent conduire à des tensions, qu’il s’agisse de l’oubli de la date d’anniversaire de son ou sa conjoint.e, ou du rendez-vous chez le médecin d’un enfant. Souvent, les personnes qui sont en relation avec une personne TDAH peuvent en concevoir du ressentiment, car elles ont l’impression de faire plus d’effort pour gérer le couple ou le quotidien.
Lors de la phase de « dating », les oublis peuvent aussi porter préjudice aux personnes TDAH. Celles-ci tendent à oublier de répondre à un message, ont des difficultés à se présenter à l’heure à des rendez-vous, ou peuvent paraître distraites. Autant de caractéristiques qui ne facilitent donc pas les rencontres.
Pour beaucoup, la communication écrite ou numérique est aussi particulièrement difficile à gérer. L’étude que nous citions précédemment notait qu’il était plus aisé pour les profils TDAH de maintenir du lien dans la « vraie » vie. C’est donc handicapant dans un monde qui est devenu très largement basé sur des communications en ligne.
Les personnes TDAH ont ce qu’elles appellent parfois des « fixettes ». C’est-à-dire des périodes de fixation intenses, où elles dévouent une grande partie de leur attention à un sujet. On l’a vu plus haut, la cible de cette attention peut être une personne. Mais quand il s’agit d’autre chose, les relations peuvent en pâtir.
Ce qui caractérise en effet souvent les personnes TDAH – en particulier celles qui sont concernées par de l’hyperactivité – c’est une recherche constante de stimulation. C’est-à-dire qu’elles vont chercher des sensations fortes, des émotions marquées.
Cela les prédispose à des addictions (alcool, drogues, jeux vidéo, pornographie…), qui sont bien sûr néfastes pour le couple. Ces « fixettes » peuvent aussi se traduire par un déluge de nouveaux projets, la personne se concentrant sur des domaines différents chaque mois. Cela conduit à des dépenses d’argent importantes, ou encore à des changements d’emplois fréquents.
Le goût pour le risque peut aussi se traduire par des comportements dangereux : vitesse au volant, spéculation financière, défis en tous genres… Ce qui ne favorise bien sûr pas la sérénité chez le conjoint ou la conjointe.
Si vous présentez un TDAH, la liste que l’on vient de faire peut vous paraître décourageante. Rassurez-vous cependant, le trouble de l’attention n’est pas une condamnation en ce qui concerne le dating et les relations amoureuses. Comment alors mitiger les effets de son TDAH, pour faire des rencontres de manière plus sereine ?
Si vous avez pour habitude de vous jeter la tête la première dans des relations, peut-être que vous forcer à prendre du temps pourrait être bénéfique. Souvent la peur de laisser passer une occasion peut jouer. Il convient donc de garder en tête que si une personne nous convient fondamentalement, elle aura la patience de nous attendre !
C’est un conseil qui vaut pour tout le monde, mais particulièrement pour les personnes présentant un TDAH. Lors des phases de séduction, il est important de garder en tête ses besoins et préférences. Au-delà de l’attirance, qui peut être très forte, il ne faut pas oublier ses limites. Suis-je en sécurité ? La personne m’apporte-t-elle ce dont j’ai besoin ? Puis-je parler de mes émotions et de mes faiblesses sans crainte ?
« Dater » avec un TDAH, c’est aussi souvent éduquer ses partenaires à ce trouble ! Plutôt que de vous efforcer de masquer vos difficultés à tout prix, communiquez sur ces dernières. Vous pouvez tout à fait prévenir vos « dates » que vous n’êtes pas très doués pour les textos, mais que vous adorez voir les gens en vrai. Ou que vous avez des soucis d’organisation, mais que ça ne vous empêche pas d’aimer les rendez-vous au restau…
Les personnes présentant un TDAH peuvent être volatiles dans leurs émotions. Avec, en particulier, une grande sensibilité au rejet. Or l’on sait que les sites de rencontre et autres tentatives de séduction sont souvent voués à l’échec – cela fait partie du jeu ! Il convient donc d’être au clair avec cette sensibilité particulière, et de se rappeler qu’un rejet amoureux est une question de préférence. Cela ne dit rien sur votre qualité en tant que personne.
Au-delà de la phase de séduction, le couple peut aussi être compliqué à gérer pour les personnes présentant un TDAH. Comment alors naviguer sur des flots apaisés ?
Vous le savez, vous êtes du style à tout oublier, y compris votre partenaire ! Pour construire une relation solide, n’hésitez donc pas à organiser votre vie de couple. Loin d’être un manque de spontanéité, cela vous permettra d’apporter une attention régulière à votre conjoint.e. Notez les dates, bloquez du temps pour des escapades à deux, et faites de votre couple un réel enjeu de votre vie, au même titre que votre travail.
On l’a vu plus haut, la perte d’intérêt amoureux et/ou sexuel peut être une constante chez les profils TDAH. Afin de stimuler votre cerveau en quête de nouveauté et de sensations, il convient donc de continuer à séduire et à être séduit.e par votre conjoint.e.
Pour cela, prévoyez de nouvelles sorties, de nouveaux voyages, ou encore de nouveaux jeux sexuels… Cela vous permettra de sortir de la routine, et cela montrera à votre amoureux ou amoureuse que vous êtes engagés dans la relation.
Un risque d’être en couple lorsqu’on a un TDAH, c’est qu’on peut rapidement se faire « enfantifier ». C’est-à-dire que notre partenaire peut se retrouver à gérer nos rendez-vous, l’organisation de la maison, les enfants… Et cela crée bien sûr du ressentiment.
N’oubliez donc pas de prendre votre rôle dans le foyer, et de répondre aux besoins de votre partenaire. Si ce dernier ou cette dernière prend sur lui des parts importantes du quotidien, vous devez prendre en charge des éléments qui équilibreront l’énergie consacrée à votre couple.
Pour gérer le quotidien, les fluctuations de désir ou encore les conflits, de manière apaisée, il peut être judicieux de faire appel à un professionnel. Un psychologue ou un autre thérapeute spécialisé pourra vous aider à communiquer efficacement dans votre couple, et à éviter les écueils.
L’autre facette de tout cela, ce sont les personnes qui sont en couple avec une personne présentant un TDAH. Voici quelques conseils pour mieux comprendre votre conjoint.e :
Le TDAH n’est ni une faiblesse de caractère, ni une tendance à la flemme. Pour mieux comprendre votre conjoint.e, il faudra donc bien cerner de quoi ce trouble relève. En étudiant la manière dont votre chéri.e fonctionne, vous verrez que ses limitations sont aussi frustrantes pour lui que pour son entourage !
Dans un couple, une bonne partie de la communication repose sur les besoins des deux parties. Votre conjoint.e a des spécificités liées à son TDAH, mais vous aussi vous avez vos faiblesses et vos préférences. Établissez donc vos limites et vos besoins profonds, afin que vous sachiez tous deux où vous situer. Cela vous permettra de mieux vous comprendre mutuellement et de prévenir les conflits.
Être en couple avec un profil TDAH, c’est souvent aussi accepter une part de chaos dans son quotidien. Et se rendre compte que tout n’est pas désagréable. Certes, votre conjoint.e n’arrivera peut-être jamais à ne pas oublier ses clés en partant de chez vous… Mais il sera toujours particulièrement enthousiaste pour s’échapper un week-end à l’improviste. Les personnes concernées par un TDAH ne sont pas simplement des personnes un peu tête en l’air… Elles sont aussi souvent passionnées, avides de nouveauté, et toujours prêtes à avancer !
Non, le TDAH n’est pas une condamnation, et l’on peut tout à fait avoir ce profil neurologique et avoir des relations saines et équilibrées. Cela demande cependant souvent un peu plus d’effort que la moyenne.
C’est en se comprenant au mieux, et en ayant des partenaires compréhensifs, que les personnes avec un TDAH peuvent construire des relations équitables et stimulantes, qui s’inscriront dans la durée. Comme souvent, se faire détecter et se faire accompagner dans ses particularités est donc un enjeu clé.
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