Tout comme d’autres neuroatypies, le trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) est encore souvent perçu de manière inexacte. À quoi ressemble le TDAH ? Comment s’exprime-t-il chez les adultes ? Quelle est la démarche diagnostic et quels sont les traitements ? On fait le point dans cet article.
Le TDAH est souvent considéré comme un trouble spécifique de l’apprentissage, au même titre que la constellation des « dys » (dyslexie, dyspraxie, etc.). Les personnes affectées rencontrent des difficultés à « moduler » leur attention, c’est-à-dire à la maintenir sur un sujet ou à ne pas se laisser distraire.
Concrètement, cela se traduit par des difficultés pour s’organiser, finir des tâches, ou encore pour se souvenir de rendez-vous. Le TDAH peut se présenter avec ou sans hyperactivité. L’hyperactivité est souvent perçue comme une « bougeotte », mais elle se manifeste aussi par des comportements impulsifs ainsi que des émotions qui peuvent être volatiles.
Pour le DSM-5, le trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité se manifeste de trois manières possibles :
– Avec une prédominance de l’inattention et de l’impulsivité
– Avec une prédominance de l’hyperactivité
– Avec les deux combinées
Les statistiques sur le sujet varient d’une source à l’autre. Une étude parue en 2013 et menée par le docteur Michel Lecendreux estimait que 5 à 9 % des enfants de 6 à 12 ans présentaient un TDAH. Chez les adultes, les statistiques sont moins claires, partiellement parce qu’un adulte TDAH qui n’a pas été diagnostiqué durant l’enfance a plus de chances de passer inaperçu.
Le TDAH affectant l’attention et l’impulsivité, il a un impact sur des secteurs très larges de la vie d’une personne. Pendant l’enfance, les difficultés de concentration peuvent jouer sur les résultats scolaires. Chez les adultes, le travail peut être affecté, mais aussi les relations sociales, avec des choix impulsifs. Dans le cadre de relations amoureuses, les adultes TDAH peuvent avoir du mal à maintenir des relations lorsque celles-ci deviennent moins stimulantes. C’est aussi le cas pour des projets ou emplois.
Par ailleurs, on note une tendance des personnes TDAH à prendre plus de risques, avec les conséquences physiques qui en découlent. Le trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité peut être lié à davantage de blessures accidentelles, d’accidents de la route, d’abus de substances ou de conduites sexuelles à risque.
Conséquence de ce fonctionnement neurologique différent, les personnes concernées par un TDAH ont souvent des troubles psychiatriques associés, comme des troubles anxieux, des états dépressifs ou d’autres troubles affectant l’humeur.
Longtemps jugé comme un problème d’éducation parentale, le TDAH est en réalité génétique, et il est dû à un fonctionnement neurologique différent. Il ne s’agit donc pas, comme on peut encore l’entendre, de paresse, d’un manque d’éthique ou d’un manque d’activité physique.
Il semblerait que la dopamine joue un grand rôle dans ce type de fonctionnements. Les cerveaux des personnes concernées par un TDAH affichent un système d’activation de la dopamine qui diffère de la norme, lorsqu’on les observe par imagerie. La dopamine régit le système de récompense du cerveau, ce qui explique la tendance des personnes TDAH à s’autostimuler ou à être impulsifs.
En plus de la dopamine, la noradrénaline a vraisemblablement un rôle à jouer dans le développement d’un TDAH. Ce neurotransmetteur joue sur les capacités attentionnelles et la mémoire de travail – c’est-à-dire pour simplifier la capacité à garder des informations multiples en tête. Elle joue également un rôle pour le contrôle des impulsions.
On ne sait pas encore totalement ce qui se joue au niveau cérébral dans le développement du TDAH. Une étude de 2010 concluait ainsi :
« L’ensemble de ces données suggère une base neurobiologique complexe, dépassant une hypothèse dopaminergique exclusive. »
Lorsqu’il s’exprime de manière visible, notamment dans le contexte scolaire, le TDAH peut être repéré chez les enfants. Mais les adultes qui sont passés entre les mailles du filet ont généralement développé des moyens de compensation qui peuvent rendre la détection difficile. C’est une problématique qu’on retrouve par ailleurs dans d’autres formes de neuroatypie, comme le Trouble du Spectre Autistique ou le Haut Potentiel.
Il faut aussi noter que plus le QI d’une personne est élevé, plus ses troubles de l’attention peuvent passer inaperçus. Si l’on est de genre féminin, c’est également le cas, le TDAH étant encore majoritairement considéré comme un trouble masculin. Enfin, les symptômes peuvent avoir tendance à s’atténuer – ou à être mieux compensés – à l’âge adulte.
Voici cependant quelques signes qui peuvent mettre la puce à l’oreille :
Ce sont bien sûr de grandes lignes qui ne déterminent pas avec certitude si l’on a un TDAH, mais cela peut permettre de commencer une réflexion sur le sujet.
Tout comme les autres formes de neuroatypie, le TDAH survient souvent avec son lot de comorbidités. C’est-à-dire d’autres affections qui coexistent avec le trouble de l’attention. Il faut aussi noter que les symptômes mêmes du TDAH peuvent susciter des troubles psychologiques. Un adulte qui se sera convaincu qu’il est fainéant, ou égoïste, peut ressentir de l’anxiété ou des troubles dépressifs. Voici une liste non exhaustive des comorbidités qu’on peut retrouver avec le TDAH :
Il convient donc de faire le tri, et de savoir si l’on est affecté par plusieurs troubles.
Comment savoir avec précision si l’on est concerné par un TDAH ? En France, le sujet est de plus en plus discuté, mais il est encore source de débat. On conseillera donc de s’adresser à des spécialistes du sujet. Un rapport de la Haute Autorité de Santé française expliquait ainsi en 2021 :
« La formation au TDAH des professionnels de santé est encore insuffisante, ce qui explique en partie le retard important dans le repérage, le diagnostic et la prise en charge efficace du trouble. »
Pour poser un diagnostic, il faudra que les troubles se soient manifestés au cours de l’enfance. Ensuite, on prendra en compte les symptômes d’inattention, ainsi que d’hyperactivité et d’impulsivité. Il existe des tests standardisés, notamment le Diagnostic Interview for ADHD in Adults 2.0 (Diva 2.0).
Le diagnostic est en général posé par un psychiatre, psychologue ou neuropsychologue. Les tests et collectes des informations se font sur plusieurs séances. En première intention, il est possible d’évoquer le sujet avec son médecin traitant qui pourra nous orienter vers un psychiatre. Si l’on passe par le privé, il est possible de consulter des psychologues spécialisés.
Une fois le TDAH diagnostiqué, quels sont les traitements pour les personnes concernées ? On peut distinguer plusieurs options : il y a d’une part les traitements médicamenteux, mais aussi les traitements qui font intervenir des spécialistes.
Dans ce dernier cas, une personne concernée par un TDAH pourra être suivie par un psychologue, un psychomotricien, un orthophoniste ou même un assistant social. Cela afin de travailler sur ses symptômes et mieux les gérer.
Si cela ne s’avère pas suffisant, il est possible de passer par un traitement médicamenteux. Le seul médicament disponible en France est un psychostimulant, le méthylphénidate, qu’on connaît parfois sous le nom de ritaline. Certaines personnes TDAH peuvent aussi bénéficier de la prise d’antidépresseurs pour traiter leurs comorbidités.
Tout comme le haut potentiel intellectuel, l’autisme ou les autres dys, le TDAH est une neuroatypie qui peut passer relativement inaperçue chez l’adulte. Si l’on se sent concerné et que l’on rencontre des difficultés dans certains aspects de sa vie, on peut donc faire un bilan afin de poser ou non un diagnostic.
Les traitements suivent plusieurs approches, et la prise de médicament n’est pas une nécessité absolue. Il convient donc de faire le point sur ses besoins spécifiques, afin d’aborder au mieux sa neuroatypie.
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