Asperger, surdoué, autiste savant… Les notions se confondent souvent dans la tête du grand public. Les Asperger sont-ils tous surdoués ? Pourquoi les caractéristiques des autistes et des personnes à haut potentiel intellectuel se ressemblent-elles parfois autant ? On fait le point pour bien discerner ces deux types de fonctionnement.

Autisme Asperger et HPI

Asperger, l’intelligence et le HPI

Les Aspies sont-ils tous des génies ? C’est encore une idée qui revient souvent, et qui est véhiculée par des films et séries montrant des personnes autistes surdouées dans leur domaine, mais peu débrouillardes socialement. Shaun Murphy de The Good Doctor, Astrid d’Astrid et Raphaëlle, Sherlock de la série éponyme… Autant d’exemples qui contribuent à flouter les limites entre les deux fonctionnements.

Dans les faits, ces deux aspects n’ont rien à voir. Pour être diagnostiqué autiste Asperger, il faut avoir un QI non déficient. On le définit comme une forme d’autisme sans déficience intellectuelle ni retard de langage. Les Aspies sont donc des autistes qui ont des intelligences dans la moyenne, ou plus élevées que la moyenne, mais ce n’est absolument pas un critère.

Par ailleurs, la notion d’Asperger est en train de progressivement disparaître, au profit du terme « Troubles du Spectre Autistique » (TSA). Dans le DSM-V, il n’y a ainsi plus de distinction entre Aspie et autiste. Pourquoi ? Parce qu’on considère désormais que l’intelligence ne rentre pas en compte : on est autiste ou on ne l’est pas. De la même manière qu’on ne parle pas de TDAH avec ou sans déficit intellectuel, on ne parle plus de TSA avec ou sans déficit intellectuel.

Une différence notable qui peut persister cependant, c’est que la notion d’Asperger impliquait une absence de retard de langage dans la petite enfance, alors que le critère était mis en avant pour l’autisme « classique ». C’est une différence clé à garder en tête, car elle peut contribuer à confondre HPI et TSA.

Autisme et haut potentiel : des symptômes comparables ?

Reste que les symptômes d’autisme dit « de haut niveau » et les caractéristiques du haut potentiel intellectuel sont parfois comparables. Les personnes HPI Asperger ont en effet souvent des difficultés sociales, un grand besoin de solitude, ou encore un intérêt très marqué pour leurs passions, qui peuvent devenir obsessionnelles.

Un autre point commun de ces deux profils neurologiques atypiques, c’est bien sûr l’hypersensibilité. Aspies comme HPI ont souvent tendance à avoir des émotions volatiles – positives comme négatives – avec parfois une grande sensibilité à l’injustice.

Comment alors distinguer ces deux profils de neuroatypie ? Il existe des différences clés, que nous allons détailler plus bas.

Les différences entre l’autisme et le haut potentiel

Souvent, les différences entre autisme/Asperger et HPI viennent des causes plutôt que des symptômes/caractéristiques. Par exemple, une personne HPI va se sentir en décalage car elle ne voit pas l’intérêt des faux-semblants et des conventions sociales. Elle sera donc considérée comme originale par ses pairs. Pour une personne autiste, c’est la perception même des conventions sociales qui peut être erronée. Elle ne saura pas les déceler, malgré ses efforts. Mais le résultat sera le même : toutes deux seront perçues comme étranges par la société.

De la même manière, une personne autiste pourra se sentir bouleversée par les émotions des autres, mais ne pas comprendre pourquoi ces derniers les ressentent. Alors qu’une personne HPI sera bouleversée, tout en comprenant ce qui les a déclenchées : c’est ce qu’on appelle l’empathie cognitive.

Ce sont bien sûr de grandes lignes, il existe des personnes TSA hyperempathiques, et des personnes HPI qui connaissent plus de difficultés dans l’analyse des émotions. On peut cependant lister de grandes tendances qui distinguent les deux profils :

Haut Potentiel Intellectuel (HPI)

Syndrome d’Asperger

QI supérieur à 130

Intelligence non déficiente à supérieure

Pas de déficit d’empathie cognitive

Possible déficit d’empathie cognitive

Comprend les codes sociaux

Difficultés de compréhension des codes sociaux

Verbalisation aisée des émotions

Difficultés de verbalisation des émotions

Grande variété des intérêts

Expertise sur un nombre plus réduit de sujets

S’adapte aux distractions

Facilement distrait d’une tâche

Questionne les règles et structures fixes

Rassuré par les règles et structures fixes

Capacités normales pour maintenir des relations

Difficultés pour maintenir des relations

On le voit, les personnes présentant un profil autistique ont plus de « rigidité » dans leur fonctionnement quand on le compare aux personnes HPI. Pour le reste, il convient de voir si les difficultés sociales sont dues à un désintérêt, ou un manque de compréhension.

On rappellera aussi que ce ne sont que des grandes lignes de fonctionnement, qui ne sont en rien des caractéristiques absolues. On dit souvent qu’il y a autant d’autismes que d’autistes, et c’est aussi le cas pour le haut potentiel intellectuel.

Et pour ceux qui sont les deux ?

Il est bien sûr possible d’être à la fois haut potentiel et autiste. Ce cas de figure, appelé « twice exceptional » en anglais, est statistiquement rare. Les personnes HPI représentent 2 % de la population. Pour les autistes, les chiffres sont moins clairs, mais on parle en général d’entre 2 à 5 % de la population.

Les profils à la conjonction de ces deux spécificités surviennent donc peu. Ce qu’il faut en conclure, c’est que statistiquement, on a plus de chance d’être soit l’un, soit l’autre. La perception populaire d’autistes « de haut niveau » surdoués tient donc plus du mythe télévisé que d’une réalité statistique.

Aspie, HPI, comment savoir qui je suis ?

Reste qu’il est parfois difficile de différencier les deux, surtout pour des profils qui sont passés inaperçus. En effet, plus on tarde à être diagnostiqué, plus on a pu a priori établir des stratégies de compensation qui masquent ces fonctionnements particuliers. C’est d’ailleurs le cas pour les neuroatypies en général.

Pour savoir si l’on est concerné, on aura donc tendance à conseiller de faire des bilans auprès d’un neuropsychologue, qui s’appuieront sur des tests standardisés. Le passage d’un test WAIS, qui mesure le QI, permettra ainsi de déceler un éventuel haut potentiel. Pour le trouble du spectre autistique, le diagnostic repose sur plusieurs tests et entretiens, qui prennent aussi en compte le parcours de la personne.

On rappellera aussi que les tests ne servent pas – uniquement – à mesurer des performances, mais bien à comprendre le fonctionnement neurologique d’une personne. Ils peuvent ainsi permettre de déceler ses zones de performances, et celles où l’on est en difficulté. Comme pour les autres formes d’atypie, c’est donc un travail d’acceptation qui est aussi en jeu, que l’on soit HPI, TSA, ou les deux à la fois.

Publié par Cam

Journaliste HPI/TSA à la recherche du mot juste et d'un monde plus ouvert à la différence. Créatrice du podcast Bande d'Autistes !
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