Les personnes à haut potentiel intellectuel (HPI) ont souvent une manière différente d'envisager les relations. Elles cherchent des liens profonds et peuvent parfois se sentir différentes ou mal comprises. Cette quête d'authenticité, de compréhension et de stimulation affecte leurs relations, faisant d'eux des partenaires exigeants, tant dans les sphères amicale, familiale qu'amoureuse.
Le haut-potentiel ne peut pas se contenter de discussions en "surface" ou "superficielles", il a besoin de se sentir relié en profondeur avec son interlocuteur. Il n’a pas peur des débats, il aurait même tendance à les chercher… Ce qui n’est pas du goût de tout le monde. La communication est au cœur de la relation. Loin d'être figé dans le cadre préétabli de la société, le surdoué a surtout besoin de tisser des relations avec des personnes avec qui il parvient à bien communiquer. Les attentes du HPI se diffusent dans toutes ses relations : amicales, familiales et surtout amoureuses. Il a notamment besoin de comprendre la personnalité et le fonctionnement de son interlocuteur. Cela n’est pas de la mauvaise curiosité, bien au contraire, l’objectif étant de pouvoir établir un échange unique et plein de sens.
Malheureusement, cet intérêt peut être perçu comme une intrusion… Là où le haut-potentiel cherche à comprendre, à toucher du doigt cet autre, ce dernier peut se sentir mis à nu. Cela dérange ou bouscule ce partenaire qui n’a rien demandé. Il peut même avoir l’impression tout à coup de se retrouver sur le divan d’un psychanalyste. Cette approche si particulière du surdoué peut entraîner parfois un bouleversement inquiétant pour son interlocuteur : l'impression d'avoir été compris comme un livre ouvert sans avoir raconté sa propre histoire.
En effet, certains HPI dotés d’une fine intuition, ressentent l’autre sans qu’il n’y ait eu besoin de verbaliser quoi que ce soit, cette intuition peut être vécue de façon extrêmement perturbante et déroutante. C’est également comme si le haut-potentiel venait détruire des barrières protectrices sans qu’on l’y ait autorisé. L’autre peut alors sentir cela de façon ambivalente : à la fois une certaine joie d’être enfin reconnu dans ce qu’il est, mais à la fois se sentir en danger.
Un autre problème que rencontre le surdoué est dans le non-sens des discussions. Là où l'ensemble des gens parlent pour être simplement écoutés, le haut-potentiel lui, cherche à résoudre les problèmes éventuels. En conséquence, il creuse, pose des questions, émet des hypothèses… Questions qui ne sont pas toujours bien perçues et peuvent faire peur. Là où le surdoué voulait apporter son soutien et son aide, il se retrouve face à l’incompréhension la plus totale, l’autre ayant pris la poudre d’escampette (quel est cet autre qui vient farfouiller dans sa vie ?) ou encore restant figé sur sa problématique (je veux rester dans le cadre, ce cadre qui me définit et finalement me sécurise). A quoi cela sert-il donc de discuter si on ne nous demande que d’écouter ?… Ça n’a plus de sens et le haut potentiel se rend vite compte, qu’il ne sert plus à rien d’échanger… Certains surdoués se plaisent à mettre la «cape du sauveur» ayant cette facilité à ressentir les choses, mais c’est un leurre… On ne peut sauver personne, tout au plus on peut aider l’autre à y voir plus clair dans sa vie… Attention toutefois à ne pas y perdre sa propre énergie ! Certains HPI se retrouvent épuisés par leur forte empathie… Il peut même leur arriver de culpabiliser d’être ce qu’ils sont et pour certains vouloir à tout prix entrer dans le cadre de la « normalité » oubliant que c'est dans leur curiosité (pas nécessairement mal placée) que se trouve toute la richesse de la communication constructive.
Authenticité, justesse, vérité… Voilà ce qui anime le haut potentiel, et pourtant lui-même a compris qu’il devait porter un masque… Tout du moins quand il a compris que son fonctionnement est différent des autres. Le HPI a souvent déja entendu et s'est dit à lui-même « Tu dois entrer dans le cadre ! » Terrible dilemme que de rechercher l’authenticité tout en ne se l’octroyant pas totalement dans sa vie… Ce besoin d’authenticité est parfois plus facile à vivre et à affirmer sur Internet, en effet, bien caché derrière un pseudo, on se sent plus en sécurité pour enfin être soi-même. Nombreux sont ceux qui ont cru voir dans ces relations virtuelles l’opportunité d’une authenticité réelle, mais lors de la rencontre, hélas, tout peut retomber comme un soufflé si chacun remet son masque pour se conformer à la vie sociale.
Où est donc passé cet autre avec lequel je discutais pendant des heures ?… Il devient fade et sans saveur…
Cette authenticité n’a pu transparaître qu’à travers la toile… Au travers donc de la communication à l'état brut. Alors le HPI la recherche, encore et toujours… Il devra pourtant apprendre à être en cohésion avec lui-même dans toutes les circonstances de la vie, s’il veut pouvoir vivre cette authenticité dans la relation avec un autre… Il a besoin d'apprendre à retirer le masque pour pouvoir s'intégrer en société avec sa propre personnalité. Pour être avec les autres, faut-il encore savoir être soi-même...
Le surdoué est également souvent victime de son hypersensibilité et de son hyperémotivité. En effet, ces flots d’émotions, parfois sans comprendre la source, peut provoquer une réaction extrême face aux stimuli. Ces moments où une phrase d'un interlocuteur peut le blesser ou le faire plonger dans des questionnements incessants. Certains prennent tellement les choses au pied de la lettre qu'ils ont bien du mal à voir l'intention taquine d'une remarque. Pris dans leurs émotions, ils peuvent alors vite s'emporter sur ce qui apparaîtra plus tard un simple "malentendu". Inversement, là où le normo-pensant espérera que le HPI comprendra via des "allusions" ou autres subterfuges, le surdoué quant à lui préférera de loin la clarté des mots.
L'hyperémotivité du haut potentiel peut faire peur aux autres. C’est trop… Trop de joie, trop de colère, trop de peur, trop d’amour… Trop et toujours trop ! Il faut pouvoir le suivre dans ses raisonnements parfois même irraisonnés et intenses... Ce zèbre là aurait besoin d’un partenaire plus terre à terre qui saurait le rassurer et le ramener à une réalité plus paisible.
Nous parlons souvent des HPI hyperémotifs et pourtant, certains sont fermés comme un «mur», un peu comme s’ils avaient fermé les portes à double tour et ne voulaient plus rien ressentir. Mais qu’en est-il vraiment ? Un être humain surdoué ou non peut-il réellement se séparer de ses émotions ?… Là encore, difficile de savoir ce que peut bien penser une personne qui ne montre rien de ce qui la fait vibrer ou vriller… Est-ce un besoin d’ultra-contrôle ? Serait-ce une surprotection pour ne pas laisser l’autre entrer dans sa sphère intime ?… Certains zèbres ont besoin de se protéger pour éviter le débordement de leurs démonstrations émotionnelles. D'autres ont besoin de se protéger pour éviter que des personnes essayent de l'influencer sur le plan émotionnel. Cela ne veut pas dire qu’il n’a pas d’émotions mais qu’il est apte à les vivre et à les gérer seul. Aussi, le diaboliser et estimer qu'il a un problème n’est pas nécessairement vrai.
Le besoin de liberté est prédominant pour le HPI, que ce soit la liberté intellectuelle ou physique. Or, dans une relation, il y a souvent une recherche de prise de “contrôle” de l’autre et de soi. Dans ce cas, il faut alors trouver le juste équilibre, cependant lorsque les émotions exacerbées s’en mêlent, les choses se compliquent assurément, même dans une relation HP/HP. Savoir conserver sa propre liberté, pour ne pas tomber dans le cadre de la dépendance affective ou inversement la fuite en avant, et respecter la liberté de l’autre tout en se sentant en sécurité, est le lot de tout le monde, mais plus particulièrement pour le zèbre qui a un besoin vital de ne pas être cloisonné dans sa vie et dans une relation. Cet équilibre est fragile et demande un travail intérieur. Savoir lâcher prise pour soi et pour l'autre paraît alors essentiel. Ensemble oui mais en respectant la liberté de chacun.
Toutes ces caractéristiques si particulières au surdoué rendent les sentiments amoureux compliqués à gérer. Certains ont l’impression de ne pas savoir comment s’y prendre… Ne savent pas sur quel pied danser… D’autres encore ont jeté l’éponge, persuadés de ne pas être faits pour être aimés tel qu’ils le souhaiteraient. Certains pensent que le couple tel qu’ils le rêvent n’existe pas de ce monde… D’autres se sont fait une raison et préfèrent s’amuser au jeu de l’amour sans vraiment plonger dedans… Il y a ceux qui y croient encore et toujours et se confrontent à leurs difficultés en tentant de trouver le bon rythme, la bonne cadence, celle qui ne fera pas fuir leur partenaire. Et puis il y a les “bisounours” qui s'accrochent coûte que coûte à leur rêve, quitte à y laisser des plumes. Ces bisounours zébrés ne sont pas naïfs mais comme beaucoup de zèbres, ils voient au-delà de ce que l'autre paraît être, ils reconnaissent le masque et perçoivent ce qu'il y a derrière. Ils excusent donc plus facilement ce qui peut les blesser, s'accrochant à l'espoir qu'un jour ce masque tombera et que cet autre tel qu'ils le perçoivent prendra alors toute sa place. Ils peuvent dépenser une énergie folle pour conserver ce doux rêve, c'est un piège qui peut les amener vers des souffrances et des questions incessantes. Bien souvent, un jour, ils tombent dans la désillusion et se rendent compte que leur partenaire ne changera jamais. Il leur faudra admettre et intégrer que s'ils arrivent à comprendre beaucoup de choses, tout n'est cependant pas acceptable. Il a bien souvent l'impression que partir c'est renoncer à son rêve, or il n'en est rien, partir c'est réaliser son rêve avec la personne qui sera prête à le vivre avec lui.
Quel que soient les difficultés rencontrées, quoi de plus beau que de continuer à croire et espérer qu'une relation amoureuse épanouissante est possible à trouver ?… Qu'un couple puisse se réaliser pleinement ? Au fond, quoi qu’en disent ceux qui ont jeté l’éponge, n’est-ce pas ce qui fait tourner le monde ? N’est ce pas ce que chacun recherche d’une façon ou d’une autre ? De l’amour !
Beaucoup de HP cherchent à rencontrer un surdoué car selon toute logique ce partage de caractéristiques plus ou moins communes peut simplifier la formation d'un couple. Cependant là encore on se heurte à un ensemble de difficultés.
Dans le cadre d'un couple composé d'un partenaire à haut potentiel qui a du mal à maîtriser ses émotions et d'autre qui n'exprime pas ses émotions, la relation n'est pas évidente. L’hyperémotif pourrait se sentir frustré de ne pas savoir ce qui anime vraiment son partenaire, n’oublions pas que le HP aime surtout comprendre. Si l’autre est fermé à ses émotions, l’hyperémotif quant à lui se heurtera à un mur et risque de ne pas sentir la relation “vibrer”, il peut perdre une énergie folle à vouloir absolument savoir ce qu’il se passe dans la tête de son partenaire. De même, l’hyperémotif pourrait se montrer “usant et éreintant” dans ses excès. Cependant, en prenant du recul, cette relation amoureuse entre surdoués pourrait trouver l’équilibre parfait si tant est que chacun adhère à l'ensemble de ce qui caractérise l’autre, tout en acceptant qu’on ne peut pas tout comprendre et même tout maîtriser. De plus, dans ce couple si diamétralement opposé, le surdoué placide peut aider l’hyperémotif à se canaliser dans des situations trop mouvementées, et inversement l’hyperémotif peut aider le mur qui entoure son partenaire à s’effriter un peu pour laisser transparaître ses émotions, et tout cela sans aller le rechercher ou le provoquer, mais en laissant simplement la relation faire son oeuvre d’elle-même. Il s’agira donc de cesser de vouloir contrôler/changer son partenaire.
Dans le cadre de la rencontre d'un couple de surdoué, ils peuvent ressentir l'évidence d'être ensemble. Ils peuvent parler pendant des heures, refaire le monde. Même en parfaite harmonie, ils doivent quand même se montrer vigilants pour éviter de vouloir “maîtriser” l’autre et respecter sa liberté. Bien souvent, dans sa vie, le zèbre a été habitué à se mettre sur la défensive ou à être dans "l'hyper-contrôle", pour protéger cette liberté ou inversement à devenir “dépendant” des besoins de l’autre, perdant sa propre identité. De fait, l'ensemble de ces réflexes peuvent très vite prendre le dessus, ce qui est fort dommage pour le futur de cette relation amoureuse. Il s’agit donc d’apprendre à lâcher prise, et ce n'est pas forcément évident dans un monde où tout est sous contrôle et dans lequel l’éducation elle-même est régie par une culture judéo-chrétienne pleine de contraintes et d’obligations morales. Il est donc question, pour avoir une relation harmonieuse, de lâcher ses propres peurs tout en restant bien connecté à soi-même afin de ne pas non plus se perdre dans le couple, car quoi de plus beau que d'être totalement libre et confiant dans sa relation avec l'autre et dans sa vie ?
Dans le cadre d'un couple mixte surdoué / non surdoué, les deux partenaires devront fournir des efforts notamment dans la communication. Le HP ayant les pensées en arborescence, le normo-pensant risque de perdre le fil et de trouver que son partenaire amoureux se complique drôlement la vie ! Toutefois, le mode « binaire » du normo-pensant peut aider le zèbre à se canaliser et à rester concentré sur l'essentiel, même si pour lui tout lui paraît important ! Il faudra donc, à l'un comme à l'autre, avoir une bonne dose de patience et de lâcher-prise. En effet, le zèbre risque de ne pas se sentir compris dans tout ce qui l'anime et le couple pourrait en pâtir. Le normo-pensant quant à lui pourrait se sentir submergé par le flot de pensées de son partenaire. L'amour frappe à toutes les portes et ne se pose pas 36 questions ! Il serait faux et injuste de dire que le couple HP/normo-pensant ne peut pas fonctionner. Comme finalement dans toutes relations, il s'agit d'être en parfaite harmonie d'abord avec soi-même pour pouvoir l'être avec l'autre dans un total respect.
Nul doute que chaque individu sur cette planète peut rechercher l’opportunité de trouver l’amour, HP ou non. Le principal étant de rester connecté à soi, à ses besoins, ses désirs et de respecter ceux de l’autre en toute confiance et en toute liberté. Le cœur du projet d’Atypikoo nourrit l'espoir que chacun d’entre nous trouve enfin cette authenticité tant recherchée, mettre en lien ces personnes atypiques qui se sentent parfois isolées, mais si profondément humaines, si profondément désireuses de trouver enfin de la cohésion dans leur vie. Atypikoo est un lieu de partage et d’échange que ce soit pour vivre des relations amoureuses, amicales ou professionnelles entre individus atypiques, car quoi qu’on en dise les atypiques ensemble se comprennent et établissent des liens plus facilement.
Et vous, comment se passent vos relations avec les autres ?
10 commentaires sur La complexité des relations chez les personnes à haut potentiel