Le parcours du diagnostic du TSA et du TDA/H peut prendre du temps et maintenir des personnes dans le manque de compréhension de leurs particularités. Par ailleurs, le résultat d’un diagnostic ne permet pas systématiquement d’éclaircir l’ensemble des questionnements. En outre, certaines personnes cumulent un TSA, un TDA/H, un Dys et éventuellement un HPI. Dans cette situation, il devient encore plus compliqué d’effectuer le lien entre un comportement et une particularité. Notons que la prévalence actuelle du TDA/H chez les individus autistes s'élève à 38,5 %[1]. De plus, certaines personnes ne souhaitent pas ou ne peuvent pas entreprendre des démarches de diagnostic ou d’identification pour comprendre la cause de leurs différences ou de leurs difficultés. Cette situation les poussent parfois à s’auto-diagnostiquer en menant leurs recherches personnelles. Néanmoins, les informations disponibles sur ces sujets peuvent manquer de fiabilité et de précisions et conduire des personnes vers une conviction erronée. Cela peut entraîner certaines personnes à se persuader à tort qu’elles ont une forme de neuroatypie ou qu’elles sont HPI, en confondant des caractéristiques qui, bien que similaires en apparence, relèvent de profils distincts. Il s’avère donc essentiel de bien différencier ces particularités pour éviter les confusions.

NB : Les situations et les précisions évoquées dans cet article ne reflètent pas l’ensemble des comportements ni des nuances relatives au TSA, HPI, TDA/H et Dys. Elles s’appuient sur des caractéristiques générales et fréquemment observées. Chaque individu reste unique et peut ou non se reconnaître. L’objectif de l’article vise à emettre en question certaines croyances ou certitudes qui peuvent détourner du bon diagnostic ou de la bonne identification mais cela ne doit pas empêcher d’effectuer un travail personnel d’analyse de ses caractéristiques avec un professionnel de santé dûment formé. Il s’agit d’une sélection de situations et non d’une présentation exhaustive de tous les cas.

Hyperfocalisation : « Quand je me sens passionné.e, je peux m’investir à 100% sur un sujet qui m’intéresse et faire complètement abstraction du reste. »

TSA : Lorsqu’une personne avec un TSA se passionne pour un sujet ou un univers, elle va chercher à se renseigner de la manière la plus exhaustive possible. Son intérêt reste en général durable dans le temps. Cette passion peut devenir une obsession, poussant la personne à collectionner ou à accumuler méthodiquement toutes les informations disponibles. L’hyperfocalisation concerne plus de 40% des individus autistes[2].

HPI : De son côté, la personne HPI peut s’investir dans un projet ou sur un sujet mais généralement dans le cadre d’un objectif précis, comme l’écriture d’un livre ou dans un travail de recherche. Elle peut se laisser déborder et envahir par son projet ou un sujet et ne pas savoir mettre de limites.

TDA/H : On parle même spécifiquement d’hyperfocus dans le cadre du TDA/H. Cela se manifeste par une recherche de stimulation, une concentration spontanée et intense sur un sujet ou un intérêt. Cependant, en quête de dopamine, la personne avec un TDA/H peut rechercher rapidement une nouvelle stimulation[3] et ainsi s’intéresser davantage à un autre sujet qui accapare davantage son attention.

Problèmes de relations sociales : « Je peine à nouer ou à maintenir des relations sociales. »

TSA : Les personnes autistes peuvent éprouver des difficultés à comprendre les signaux sociaux, comme les expressions faciales ou le ton de la voix des autres, ce qui peut les empêcher de créer facilement des connexions. Les femmes autistes cherchent souvent à compenser leurs difficultés pour s’intégrer et s’adapter en développant des stratégies d’imitation sociale[4] (on parle souvent de camouflage). Ce comportement peut leur demander trop d’effort et entraîner de la fatigue voire de l’épuisement, ce qui peut les freiner à créer des relations sociales.

TDA/H : Le manque d’attention et de concentration des personnes avec un TDA/H peut compliquer leurs relations sociales[5]. Le fait de décrocher dans une conversation ou d’oublier un rendez-vous renvoie souvent l’image d’une personne désinvolte qui ne s’investit pas suffisamment dans une relation amicale.

HPI : Certaines personnes HPI peuvent se sentir en décalage avec les personnes qui ne partagent pas la même envie de réflexion intellectuelle ou le même rythme de pensée[6]. Elles peuvent éprouver le sentiment de ne pas parvenir à tisser des relations sociales ou amicales suffisamment constructives et intéressantes.

Hautes capacités cognitives : « J’excelle dans certains domaines spécifiques. »

TSA : Les personnes TSA se distinguent souvent par leur sens aigu de l’analyse et du détail, les menant à exceller dans des domaines comme l’informatique, les mathématiques, ou les sciences, qui favorisent souvent la logique et une approche méthodique.

HPI : De leur côté, les individus HPI peuvent tout aussi bien s’épanouir sur des sujets mobilisant la logique et la méthodologie. Cependant, contrairement aux personnes avec un TSA, les personnes HPI aiment souvent s’épanouir dans des univers artistiques, créatifs, en R&D, dans l’innovation… où elles vont explorer leur imagination et leurs capacités d’invention en cherchant à repousser les normes et les limites.

TDA/H : Les personnes avec un TDA/H peuvent aussi exceller dans des domaines spécifiques en mettant à profit leur pensée divergente[7] notamment dans des domaines créatifs et innovants.  De plus, leur hyperactivité leur permet de s’adapter à des environnements qui nécessitent un engagement intense sur des périodes courtes.

Questionnement permanent : « Je me pose mille questions à la minute. »

TDA/H : Les personnes avec un TDA/H ressentent souvent une agitation mentale qui peut se manifester par un flot de pensées nombreuses et parfois désorganisées[8]. Ces pensées ne suivent pas forcément un fil conducteur ou une réflexion approfondie sur un sujet.

HPI : Lorsqu’une personne surdouée s’intéresse à un sujet qui la préoccupe, elle peut entrer dans un dialogue intérieur approfondi dans lequel elle va analyser, décortiquer ses pensées et ses idées pour progresser dans sa réflexion[9].

Impatience : « Le manque de rapidité chez les autres ou dans certaines situations m'exaspère. »

HPI : Grâce à des capacités cognitives très développées, les personnes surdouées comprennent et analysent rapidement des situations complexes. Cela peut les amener à résoudre des problèmes ou à trouver des solutions avant les autres. Ce décalage peut entraîner de la frustration ou de l'impatience, notamment lorsqu'elles doivent attendre ou travailler avec des personnes qui progressent plus lentement.

TDA/H : L’impatience chez les personnes avec un TDAH découle souvent de leur difficulté à réguler leur impulsivité[10]. Elles se sentent rapidement frustrées lorsqu'elles doivent ralentir ou attendre les autres, car elles recherchent de la stimulation et du dynamisme.

Difficultés à s’endormir : « À moins d’être épuisé.e, j’ai des difficultés à m’endormir. »

TDA/H : Les personnes avec un TDA/H présentent souvent des troubles du rythme circadien, notamment un retard de la phase du sommeil. Cela se manifeste par des difficultés à s'endormir dues à une agitation mentale ou physique le soir, souvent aggravées par une faible régulation de la dopamine et une hypersensibilité aux stimuli (lumière, bruit, etc.). Concrètement, cela peut se manifester par le fait de bouger dans tous les sens ou de ne pas arriver à relâcher son corps pour s’endormir. Il peut aussi s’agir d’une agitation mentale qui se traduit par l'incapacité à stopper un flot incessant de pensées, comme la remémoration des événements de sa journée. Environ 70% des adultes avec un TDA/H mentionnent des difficultés à s'endormir en raison d'un excès d'activités cognitives le soir[11].

HPI : Les personnes HPI peuvent aussi ressentir l’impression de ne pas pouvoir arrêter le flux de leurs pensées, mais la petite nuance se situe sur le fait qu’il s’agit plutôt d’une rumination ou d’une réflexion intellectuelle. Cela se traduit, par exemple, par le fait de chercher à résoudre quelque chose qui les préoccupe au moment où ils pensent disposer de temps pour réfléchir dans le noir. Seulement, en se concentrant dans leur mental, ils finissent par repousser leur cycle de sommeil.

Couper la parole : « J'ai du mal à attendre mon tour pour parler. »

TDA/H : Des individus avec un TDA/H éprouvent le besoin de s’exprimer sans pouvoir attendre le moment opportun pour parler ou leur tour de parole. Leur impatience et leur impulsivité les poussent alors à interrompre leurs interlocuteurs.

TSA : De leur côté, certaines personnes autistes comprennent mal le fonctionnement du tour de parole et peuvent ainsi parler à un moment inapproprié dans la conversation sans en prendre conscience. Elles peuvent aussi ressentir le besoin de corriger leur interlocuteur ou de préciser quelque chose d’important pour elles.

Crise de colère : « En cas de situation stressante ou inattendue, je peux me mettre en colère. »

TSA : Les personnes autistes aiment généralement se raccrocher à une routine ou des repères rassurants. En dehors de ce cadre, elles peuvent se sentir déboussolées et se mettre en colère parce que quelque chose les contrarie ou les inquiète et également en cas de surcharge sensorielle ou émotionnelle[12]. Certaines personnes, incapables de verbaliser ce qui les perturbe, peuvent perdre le contrôle et exprimer leur frustration ou leur anxiété sous forme de colère.

TDAH : Quant aux individus avec un TDAH, les hommes peuvent expérimenter des crises explosives en cas de conflits, de tensions mineures ou de surcharge émotionnelle ou sensorielle, car ils n’arrivent pas à gérer leur intensité ou leur impatience. En cas d’attente prolongée et injustifiée ou en cas de contrariété, ils peuvent s’emporter et s’énerver.

Geste répétitif : « Je fais ou je me retiens de faire des gestes répétitifs. »

TSA : Dans le cas de l’autisme, on emploie fréquemment les termes anglais « stimming » « stims » ou « autostimulations » pour décrire les gestes qui aident les personnes à s’apaiser ou à se concentrer. Pendant l’enfance, cela peut se manifester par le battement des mains (appelé également « flapping »), le balancement de son corps, la répétition de mots ou de phrases. Les adultes essaient davantage de « cacher » leurs stims ou les remplacent par des gestes « socialement plus acceptables » ou discrets mais certains autistes ressentent encore le besoin de s’appuyer sur des gestes pour s’apaiser ou se concentrer.

TDA/H : Du côté du TDAH, les gestes répétitifs concernent davantage l’expression d’une nervosité, d’une impulsivité, d’un besoin de se sentir stimulé qui se peut se manifester par le fait de taper du pied, de faire tourner son stylo, de gribouiller… Les gestes répétitifs chez les personnes avec un TDA/H, tels que le tapotement ou le gribouillage, servent souvent à canaliser leur attention.

Exprimer ses émotions : « J’ai des difficultés à exprimer mes émotions. »

TDA/H : Cette difficulté semble davantage propre aux hommes concernés par le TDA/H. Même s’ils comprennent leurs émotions, ils peuvent éprouver des difficultés à en parler et à les exprimer à leur entourage. Ce blocage peut les pousser à les contenir de manière excessive jusqu’à ce qu’ils n’y parviennent plus, ce qui peut engendrer un manque de contrôle ou un craquage.

TSA : Les personnes autistes peuvent éprouver des difficultés à identifier, comprendre, et exprimer leurs émotions[13] (on peut utiliser le terme plus technique d’« alexithymie »). Cela peut se décliner de plusieurs façons. Certaines personnes peinent à exprimer de la compassion, tandis que d'autres ne parviennent pas à verbaliser leur affection ou leurs sentiments. Enfin, certaines personnes expriment leurs émotions mais d’une façon peu conventionnelle et pas forcément comprise par les autres.

Surcharge sensorielle : « Je ne supporte pas les bruits et les endroits bruyants. »

TSA : Des personnes autistes cherchent à se protéger des bruits ou des sons en recourant à des casques anti-bruit ou en évitant de fréquenter certains endroits. Leur hypersensibilité ne se limite pas aux bruits, certaines personnes ne supportent pas les lumières vives, les odeurs fortes ou certains contacts physiques, des matières sur leur peau, etc. Cette surcharge sensorielle peut déclencher des crises de stress ou d’angoisse, se manifestant par un effondrement émotionnel (« meltdown ») ou un repli sur soi (« shutdown »)[14].

TDA/H : Le bruit et les sons environnants subis peuvent compliquer la vie des personnes avec un TDA/H car cela peut les déconcentrer au point de ne plus pouvoir continuer leurs activités normalement[15]. Cela peut les irriter ou les stresser où point où ils ne supportent plus cette situation et doivent s’en échapper.

Fautes d’orthographe ou de calcul : « Je fais des fautes d’orthographe, ou je me trompe avec les chiffres. »

TDA/H : Le TDA/H complique la concentration et l’attention, et cela peut se répercuter par des erreurs et des fautes non pas par manque de connaissance, mais par inattention.

DYS : La dyslexie et la dyscalculie entravent l’apprentissage des règles et des mécanismes d’écriture et de calcul. En cas de fatigue, de complexité ou par manque d’entraînement, des adultes concernés peuvent par conséquent laisser des fautes dans des documents ou se tromper dans des calculs.

Problème de compréhension : « Même après avoir relu plusieurs fois un passage ou un texte, je n’ai pas compris le sens. »

TDA/H : Une personne avec un TDA/H peut lire un texte sans en comprendre le sens car son manque de concentration peut l'empêcher d’assimiler les informations en raison d’un déficit d’attention sélective. Elle doit alors s’efforcer de se concentrer pour en saisir la compréhension et éviter de se disperser face aux distractions internes ou externes.

DYS : Une personne dyslexique peut éprouver des difficultés à comprendre le sens d’un texte à cause de ses difficultés d’apprentissage. Cela peut lui demander un effort mental considérable pour comprendre la signification de ce qu’elle lit en fonction du contexte : complexité, fatigue, etc.

Si la lecture de ces précisions vous pousse à vous questionner sur votre profil atypique, vous pouvez entreprendre un travail d’approfondissement pour apprendre à mieux vous connaître avec l’aide d’un professionnel de santé. N’hésitez pas à consulter la liste de professionnels répertoriés par l’équipe de Atypikoo. Vous pourrez les trier en fonction de leur domaine de compétences et de leur localisation. Si vous souhaitez obtenir immédiatement des réponses à vos questionnements, vous pouvez passer gratuitement le Test Neuroatypique pour obtenir une première évaluation d’une potentielle neuroatypie (TSA, TDA/H, DYS) ainsi que le Test Intelligence Cognitive.

 

 

[1] Rong et al (2021) Prevalence of attention-deficit/hyperactivity disorder in individuals with autism spectrum disorder: A meta-analysis

[2] Sturm et al. (2004) Autism spectrum disorders in children with normal intellectual levels: associated impairments and subgroups

[3] Volkow et al. (2010) Motivation Deficit in ADHD is Associated with Dysfunction of the Dopamine Reward Pathway

[4] Laura Hull (2019) Conceptualising and measuring social camouflaging in autism

[5] Guevremont et al. (1994) Peer Relationship Problems and Disruptive Behavior Disorders

[6] Herskovits et al. (1995) Personality and Motivational Factors Influencing the Change of High Intellectual Potential

[7] Stolte et al. (2022) Characterizing Creative Thinking and Creative Achievements in Relation to Symptoms of Attention-Deficit/Hyperactivity Disorder and Autism Spectrum Disorder

[8] Asherson (2013) ADHD in Adults: A Clinical Concern

[9] Lewis et al. (1992) Psychological intensities in gifted adults

[10] Surman et al. (2013) Understanding deficient emotional self-regulation in adults with attention deficit hyperactivity disorder: a controlled study

[11] Tung et al. (2021) Whole Brain White Matter Tract Deviation and Idiosyncrasy From Normative Development in Autism and ADHD and Unaffected Siblings Link With Dimensions of Psychopathology and Cognition.

[12] Ennis-Cole (2019) Sensory Systems and Autism

[13] Sivathasan et al. (2020) Emotion processing and autism spectrum disorder: A review of the relative contributions of alexithymia and verbal IQ

[14] Nason et al. (2020) The Autism Discussion Page on Stress, Anxiety, Shutdowns and Meltdowns

[15] Batho (2014) Noise Sensitivity and Distraction in Youth with ADHD: The Role of Individual Difference Factors and Noise Types

Publié par Delphine

Delphine est la cofondatrice du réseau social de rencontre Atypikoo et l'auteure du livre "Dating Authentique". Depuis plusieurs années, Delphine explore, à travers ses écrits, les spécificités des personnes neurodivergentes et leurs interactions amoureuses.
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6 commentaires sur TDA/H, HPI, TSA, Dys : Identifier les faux points communs pour éviter les erreurs de diagnostic