Vivre en couple en étant autiste asperger (TSA) peut poser des questions. Sommes-nous trop particuliers, trop sensibles, pas assez au fait des codes sociaux ? Si l’on peut répondre « non » à toutes ces questions, on peut noter que des difficultés spécifiques surviennent souvent quand une personne TSA partage son espace de vie avec une personne neurotypique. Quelles sont ces difficultés et comment les gérer au mieux afin de vivre sereinement son quotidien ?

Couple TSA

Les autistes asperger et les relations amoureuses : quelques embûches ?

Les personnes TSA sont souvent – à tort – présentées comme chroniquement célibataires. Si ce n’est bien sûr pas le cas, leurs difficultés spécifiques peuvent leur mettre quelques bâtons dans les roues. Le couple et la séduction se basent en effet sur des codes sociaux parfois complexes, et sur une bonne dose d’implicite. Pour des personnes qui ont donc justement des difficultés avec cela, cela peut donc être vu comme un vrai parcours d’obstacle !

On rappellera donc encore une fois que les autistes ont tout autant envie que les personnes neurotypiques de se mettre en couple, mais qu’elles ne savent souvent pas comment faire. Par ailleurs, la question de l’hypersensibilité, et de la gestion du stress, peuvent faire obstacle.

Pour autant, vivre en couple avec une personne autiste n’est pas un fardeau, ni un chemin de croix. On va voir que les difficultés rapportées par les couples relèvent souvent d’erreurs de « traduction » entre la personne neurotypique et la personne autiste, et qu’apprendre à parler de ses besoins est la clé pour vivre ensemble.

L’épineuse question de la vie à deux

Mais tout d’abord, on rappelle que vivre à deux, ça n’est pas nécessairement une obligation. Beaucoup de personnes avec le syndrome d'Asperger – et de personnes neuro atypiques – ne considèrent pas la vie à deux comme essentielle pour la solidité de leur couple.

Sans qualifier les autistes de chroniquement solitaires, on peut dire qu’ils ont souvent tendance à avoir besoin de temps seul, au calme, afin de se consacrer à leurs intérêts et recharger les batteries. Par ailleurs, les interactions sociales peuvent les épuiser… Même celles avec un conjoint ou une conjointe ! Avant de se demander « comment vivre avec l’autre », il peut donc être intéressant de se demander « est-ce que j’ai envie de vivre avec l’autre ? ». Si la réponse à cette question est un « oui », l’on peut alors se demander comment partager son espace vital au mieux.

Autisme : comment vivre à deux de manière apaisée ?

Tout couple rencontre ses difficultés, mais les autistes asperger ont en général des problématiques spécifiques, liées à leurs sensibilités et leurs fonctionnements. On va en lister quelques-unes pour voir comment vivre au mieux avec des fonctionnements qui sortent parfois de la norme.

Mon espace, ton espace : savoir se ménager du temps

« Je n’ai pas d’espace pour moi ! » C’est une phrase qu’on entend souvent dans la bouche de personnes autistes qui ont l’impression d’être envahies par la présence, les affaires ou les habitudes de leur conjoint.e. Ce n’est pas pour rien : les profils TSA ont tendance à avoir besoin d’un lieu de repli.

Si vous ressentez le besoin impérieux de vous créer une tanière, ce n’est donc pas pour rien. L’idéal est d’avoir une pièce « à soi » pour se consacrer à ses intérêts, se poser sur un canapé, se reposer… Certains couples dorment même dans des lits séparés afin d’épargner la sensibilité de chacun. Ils se retrouvent ainsi quand ils ont envie d’intimité.

Si l’on ne dispose pas d’assez de pièces, on conseillera quand même de délimiter un espace à soi. Avec une attente : si je suis dans cet endroit, je ne dois pas être dérangé.e. Cela nous permet ainsi d’avoir un endroit où l’on peut recharger ses batteries au calme. Il s’agit aussi parfois d’expliquer à son conjoint ou sa conjointe son fonctionnement : « Ça n’est pas parce que je veux passer du temps seul que je ne t’aime pas. ».

Qui fait quoi ? Des règles claires et établies

Les personnes autistes peuvent être rassurées par la routine. C’est-à-dire faire les choses dans le même ordre chaque jour, avoir des emplacements particuliers pour certains objets et comprendre les règles implicites de chaque situation. Le monde peut paraître incohérent et aléatoire pour les personnes autistes – et il l’est ! Savoir où l’on va et ce que l’on doit faire peut donc permettre de se rassurer… En particulier dans son lieu de vie.

Il s’agit donc de communiquer sur des règles établies : comment se répartissent les tâches ? Qui fait quoi ? Est-ce que les rôles sont équilibrés ? Il peut être approprié de faire une liste de toutes les tâches liées à l’entretien de la maison pour les répartir et donner de grandes règles de fonctionnement.

Attention aux hypersensibilités et hyposensibilités

Un obstacle à la vie à deux pour les personnes autistes, cela peut être les hypersensibilités. Trop de bruit, trop de mouvement, pas assez de calme… On se force souvent, et l’on devient alors une cocotte-minute prête à exploser. Ce qui n’est bien sûr pas idéal pour la sérénité de notre couple.

La première étape est donc de reconnaître que nous sommes parfois plus sensibles plus que la moyenne, et que le silence n’est pas un luxe mais une nécessité absolue. Les casque antibruit, les lunettes de soleil, etc. Peuvent être des outils pour s’isoler sensoriellement. Mais en face, il faut aussi que la personne neurotypique ne se sente pas mal à l’aise. Si elle a l’impression que le moindre de ses pas, le moindre bruit qu’elle fait va déclencher le malheur de son conjoint ou sa conjointe, la relation n’est pas équilibrée.

Il s’agit donc d’un équilibre à trouver. L’on peut décider de ne pas dormir avec son ou sa conjoint.e, car ses ronflements nous empêchent de dormir… Tout en verbalisant qu’on a toujours envie de lui ou d’elle, et qu’on aime toujours ses câlins. De la même manière, on peut trouver des moyens d’accepter la passion dévorante de la personne qui partage notre vie pour la musique… Tout en ne la subissant pas.

Il ne faut pas non plus oublier que les personnes TSA ne sont pas forcément hypersensibles, ils peuvent aussi être « hyposensibles ». C’est-à-dire moins sentir la faim, le froid ou toute autre sensation, que la moyenne. Pour la personne neurotypique, il s’agit donc de prendre en compte ses besoins sans les effacer devant ceux de l’autre. Si notre conjoint.e est parfaitement à l’aise à 17 degrés en t-shirt, ça n’est en effet pas toujours notre cas ! Et si la personne autiste avec qui on partage notre vie saute des repas sans s’en soucier, ça ne veut pas dire qu’on doit le faire aussi. Là aussi, communiquer sur ses sensations et ressentis est donc crucial.

Laisser de l’espace aux passions et à son individualité

Les personnes autistes peuvent avoir tendance à faire de leur amoureux ou amoureuse le centre de leur vie. En couple, ils se calquent sur les envies et besoins de l’autre, au point parfois de s’oublier complètement. Si vous avez l’impression de vous être « dilué » dans votre couple, c’est probablement que vous n’avez pas assez pris en compte vos besoins. Il est donc grand temps de faire le point sur ce qui vous est nécessaire, afin de ne pas faire exploser votre couple en plein vol.

Mais l’inverse peut aussi être vrai. Les difficultés spécifiques des personnes autistes peuvent pousser notre conjoint.e à nous aider… Parfois trop ? Si nous ne parvenons pas à nous faire à manger quand l’autre n’est pas là, si nous n’arrivons pas à avoir de vie sociale en dehors de notre conjoint.e, ou si nous ressentons de l’anxiété quand il ou elle n’est pas là, c’est problématique.

Attention donc à ce que la personne neurotypique n’endosse pas le rôle d’« aidant social » pour la personne autiste : il est très important de préserver des vies sociales et des hobbies qui peuvent être séparés. De la même manière, les besoins de base d’une personne (nourriture, sommeil, etc.) doivent pouvoir être accomplis même quand elle est seule.

Conclusion

Pour résumer tout cela, il est absolument crucial de prendre en compte les besoins des deux parties du couple. Cela afin que la personne TSA se sente accompagnée dans ses spécificités, mais aussi pour que la personne neurotypique puisse exister sans avoir l’impression de constamment heurter la personne qu’elle aime.

Cela passe bien sûr par une communication efficace, et par certaines nécessaires négociations. Vivre en couple en tant que personne autiste n’est donc absolument pas impossible, mais cela nécessitera souvent quelques ajustements pour pouvoir profiter au mieux de son amoureux ou son amoureuse.

Publié par Cam

Journaliste HPI/TSA à la recherche du mot juste et d'un monde plus ouvert à la différence. Créatrice du podcast Bande d'Autistes !
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14 commentaires sur Vivre en couple avec un autiste asperger (TSA) : nos conseils